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Les Femmes du bus 678

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
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Les Femmes du bus 678
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

« Prends garde au sexe faible », chante la radio dans la première scène des ‘Femmes du bus 678’. Pourtant dans ce film, difficile de savoir de qui il faudrait le plus se méfier. Des femmes voilées, pour leurs idées rétrogrades qui assassinent la modernité ? Des autres, pour leur beauté aguicheuse et leurs cheveux longs qu’elles ne tentent même pas – ces provocatrices – de dissimuler ? De ces porcs qui montent dans des bus bondés uniquement « pour faire frotti frotta » ? Des mères, qui empêchent leurs filles de porter plainte pour préserver leur réputation ? Ou des maris aimants, qui malgré leurs attentions et leur bonne volonté, finissent par regarder, impuissants, leurs femmes se faire violer ?

‘Les Femmes du bus 678’ est le récit amer d’une société égyptienne pourrie jusqu’à la verge, où des femmes frustrées, harcelées, violées, déchirées, perdent la raison à force de s’être laissées faire. Des femmes qui ne sont en sécurité nulle part, ni dans la rue, ni dans le bus, ni au travail, ni au téléphone, ni même avec leur propre mari. Des femmes obligées de mordre à pleines dents dans un oignon cru pour dissuader leur époux de les pénétrer. Des femmes obligées de demander à l’homme qu’elles aiment de les répudier.

Oui, le film de Mohamed Diab est profondément féministe. Certes, les jeux d’acteurs ne sont pas toujours transcendants, et la mise en scène se fait parfois hésitante. Mais ce sont surtout son refus radical de tout manichéisme et sa capacité à bousculer les tabous avec humour et violence qui font de ce long métrage un sublime manifeste pour les droits des femmes. Car celles de ce bus-là ont beau être égyptiennes, et faire face à un système juridique archaïque où l’agression sexuelle n’est même pas reconnue comme un délit, leur histoire n’en reste pas moins universelle.

Écrit par Anaïs Bordages
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