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Les Poings dans les poches

  • Cinéma
  • 5 sur 5 étoiles
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Les Poings dans les poches
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Le premier film de Marco Bellocchio : une énorme claque et une œuvre toujours aussi hantée, un demi-siècle après sa sortie initiale.

Plus de cinquante ans après sa sortie initiale en 1965, on ne peut s'empêcher de songer que 'Les Poings dans les poches', désormais visible en version restaurée, aurait aussi bien pu s'intituler 'Un gros pain dans la gueule'. Au centre du film, Alessandro, jeune homme renfermé, épileptique et bipolaire  d'ailleurs surnommé, à tour de rôle, "Ale" et "Sandro"  cultivant une implacable rage intérieure à l'égard de sa famille, issue de la grande bourgeoisie italienne.

Entre une mère aveugle, un père absent (défunt, peut-on croire), un aîné arrogant mais admiré, un cadet handicapé mental et une sœur maladivement narcissique, pour laquelle notre héros manifeste de violents désirs incestueux, Alessandro bouillonne. Jusqu'a l'inévitable point de rupture, où le garçon se met en tête d'assassiner l'essentiel de sa famille. Lui y compris. 

Eblouissant derrière ses airs de jeune Brando torturé, Lou Castel (22 ans à l'époque) incarne Alessandro avec un incroyable mélange rimbaldien de douceur et de rage, de séduction et de sauvagerie. Toutefois, l'ensemble de la distribution paraît ici d'une grande justesse - avec une mention spéciale pour Paola Pitagora, vénéneuse et trouble dans le rôle de Giulia, la grande sœur convoitée par Alessandro.

Ajoutez à cela la mise en scène brillante de Bellocchio, à la fois dynamique et poisseuse, bluffante pour un premier long métrage, le noir et blanc superbement contrasté d'Alberto Marrama (dont on a du mal à croire, là aussi, qu'il s'agit de son premier film en tant que directeur de la photographie) et la musique angoissante et sinueuse d'Ennio Morricone – eh oui !  et vous obtiendrez une œuvre incroyable, entre cinéma d'angoisse et étude de mœurs, d'un onirisme parfois pré-lynchien et d'une violence que n'aurait probablement pas reniée Pasolini... En deux mots, un chef-d'œuvre méconnu. A voir d'urgence, l'estomac bien accroché.

Écrit par
Alexandre Prouvèze
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