Recevez Time Out dans votre boite mail

Lettre de Sibérie

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Lettre de Sibérie - Chris Marker
Publicité

Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Dans ‘Lettre de Sibérie’ (1957), premier long métrage de Chris Marker, on rencontre déjà nombre de thèmes autour desquels s’articulera son œuvre : la destruction des paysages par les êtres humains, la nature éphémère de la mémoire… Or, ce film révèle un côté ludique, voire comique, qu’on retrouve rarement dans ses films suivants. Dans le genre de l’essai voyageur – encore un trope markerien – le film nous présente de somptueux panoramiques des steppes et des villages sibériens, tandis qu’une voix-off (celle d’un membre, peut-être fictif, de l’équipe) nous en narre le contexte sociopolitique. Les questions de l’urbanisation, de la déforestation sauvage et de la disparition des mammouths se présentent au fur et à mesure du récit.

Pourtant le film n’est jamais moralisateur ; avec un sens aigu de l’insolite, Marker nous propose des scènes d’animation humoristiques ou des intermèdes musicaux de chansons russes, le tout livré sur un ton satirique très prononcé. Dans la séquence la plus connue du film, une prise de vue sur des ouvriers travaillant au bord d’une route est reprise trois fois, et successivement illustrée selon trois types de commentaires hétérogènes : en suivant l’angle du réalisme social cher au régime soviétique, puis comme propagande anti-communiste, et enfin en commentaire ethnologique objectif. A la fois, Marker raille l’agitprop soviétique et souligne l’impossibilité de l’objectivité dans le film documentaire. Critique sans être didactique, ironique sans recourir au sarcasme, ‘Lettre de Sibérie’ s’avère un des films les plus pénétrants et en même temps divertissants de sa carrière.

Écrit par Alex Dudok de Wit
Publicité
Vous aimerez aussi