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Like Someone in Love

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
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Like someone in love
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Le précédent film d’Abbas Kiarostami, ‘Copie conforme’ – et son plus grand succès commercial à ce jour, sans doute en raison de la présence à l’écran de Juliette Binoche – fut le premier long métrage que le cinéaste iranien tourna hors de son pays natal.  ‘Like someone in love’, qui tire son nom d’une chanson d’Ella Fitzgerald, est le second.

Entièrement  tourné en japonais à Tokyo, avec des acteurs du crû, le film fait donc preuve d’une véritable originalité, y compris au sein de l’œuvre de Kiarostami. A l’origine, le résumé de l’intrigue paraît assez simple : une jeune étudiante, avec des problèmes d’argent, de logement, une grand-mère en visite et un copain jaloux, se trouve mise en relation, via le patron du bar où elle travaille (qui agit comme un proxénète), avec un vieil homme prétendument « important ». Seulement, dès la scène d’ouverture – où il est impossible de savoir qui parle (on découvrira qu’il s’agit de la fille, hors champ), il semble évident que Kiarostami approche une nouvelle fois son matériel filmique de façon tout à fait oblique, décalée et ouverte.

Ainsi, rien ne se passe comme on pourrait s’y attendre. Pour commencer, le « client » de la jeune fille ressemble à un aimable académicien, qui ne semble pas vraiment intéressé par le sexe ; de même, l’ensemble du film – non seulement les motivations des personnages, mais également leurs actes et leurs identités – apparaît glissant et ambigu. Ce n’est pas tant que l’histoire soit difficile à suivre, mais simplement que tout y est tellement délicat, presque évanescent, qu’il se révèle difficile pour le spectateur de prendre appui sur quoi que ce soit.

Particulièrement surprenante, la fin en laissera sans doute certains perplexes, avec une ouverture qui ferait presque passer celle, déjà mystérieuse, de ‘Copie conforme’ pour une conclusion tout à fait classique. Toutefois, le film reste passionnant d’un bout à l’autre, à la fois par son élégance, en termes de compositions des cadres, de couleurs et de sons, mais également parce que le spectateur ne cesse de se demander ce qui est en train d’arriver – voire quel est le sujet du film. S’y retrouvent, malgré tout, certains des thèmes essentiels de Kiarostami : les liens entre vérité et mensonge, comment et pourquoi se développent les relations humaines ; ou encore, ce qui se passe selon les choix que l’on fait, les questions d’âge, ou la grandeur et les dangers qu’il peut y avoir à accepter tout ce que la vie a à nous offrir – ce en quoi Kiarostami pourrait faire écho à Yasujiro Ozu, un cinéaste qu’il admire.

Enfin, si l’on cherchait à résumer le propos du film (ce qui paraît sérieusement douteux), il pourrait s’agir du postulat suivant : croire que chaque chose dans la vie doit advenir par elle-même – « que sera sera », en somme – ne constitue qu’une réponse inadaptée à la complexité et au chaos de l’existence. Mais qu’en même temps, c’est aussi la seule qui soit susceptible d’avoir un sens.

Écrit par Geoff Andrew / trad. A.P
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