Magic Magic

Ne vous fiez pas à son titre de conte de fées, 'Magic Magic' n'a aucun rapport avec la prestidigitation, Aleister Crowley ou Merlin l'enchanteur. La magie s'en trouve même cruellement absente. S'inspirant pourtant apparemment du genre du film d'angoisse – avec ses adolescents dans une maison isolée – 'Magic Magic' nous présente la timide Alicia (Juno Temple) au moment où elle s'apprête à embarquer pour le sud du Chili avec sa cousine Sarah (Emily Browning) et quelques-uns de ses amis, inconnus d'Alicia. Mais bientôt, Sarah doit précipitamment quitter le petit groupe, au sein duquel elle laisse Alicia, qui va se sentir de plus en plus isolée – jusqu'à sombrer, peu à peu, dans un bon gros délire de persécution...

Récit d'une dérive psychologique en climat claustro, le projet du film évoque assez les Polanski du début des années 1970 ('Le Locataire' ou 'Rosemary's Baby'), dans son refus du fantastique, préférant insister sur l'angoisse psychologique de son personnage principal. Les acteurs sont plutôt bons (Michael Cera en tête, avec ses airs de Harpo Marx pervers), les images léchées, mais en cherchant en permanence à détourner les attentes du spectateur, 'Magic Magic' finit par se désamorcer lui-même, jusqu'à paraître assez vain. Jouant sur les codes d'un genre tout en les refusant en permanence, le film de Sebastian Silva ressemble un peu à un poisson qui se mord la queue. Ou à ce que le XIXe siècle appelait « de l'art pour l'art ». A la limite, dans le registre psychotique, on aura assez largement préféré le franc éclatement narratif, je-m'en-foutiste et plus audacieux, du 'Post Tenebras Lux' de Reygadas. Alors que celui-ci, malgré son potentiel et son apparente ambition, laisse un goût d'inabouti. Comme un coup d’épée dans l'eau.