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Marieke

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Marieke
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Sur le papier, 'Marieke' a tout du film glauque. Décor glauque : celui d'une Bruxelles baignée dans la lumière cendrée du ciel flamand. Histoire glauque : celle de Marieke, jeune adulte qui couche avec des « vieux » pour perpétuer le souvenir de son père, décédé lorsqu'elle avait 8 ans. Déconnectée de sa génération, affublée d'un job pourri dans une usine de chocolat, logée chez sa mère brisée par douze ans de veuvage, Marieke ne vit que par le fantasme de sa famille perdue. Et par ses amants bedonnants. Peau plissée, crâne clairsemé : leurs corps flasques, qu’elle se plaît à photographier dans leurs moindres détails, lui servent de refuge, comblant tant bien que mal ses besoins d’amour. Avec un pied dans l'enfance et l'autre dans le troisième âge, Marieke fait son possible pour ne pas perdre l’équilibre. Autant dire que ce n'est pas facile tous les jours.

Sauf qu'à l'écran, Sophie Schoukens, qui signe ici son premier long métrage, parvient à sculpter dans la lumière blafarde de sa Belgique un conte pudique, feutré, très délicat. Loin de la morosité verdâtre de 'La Vie rêvée des anges' d’Erick Zonca, plus proche de la poésie aigre-douce de 'La Merditude des choses' de Felix Van Groeningen (l'humour et la violence en moins), 'Marieke' flotte quelque part entre hyperréalisme et parabole philosophique : sur le deuil, le passage à l'âge adulte, les relations entre mère et fille, le manque paternel, la solitude… Hormis quelques ralentis patauds en fin de bobine, la fable de la-fille-qui-cherchait-à-recoller-les-morceaux-de-sa-vie coule gracieusement sur fond de Jacques Brel. Car, à l'image de son personnage qui sait sublimer les vieux hommes qu'elle chérit et qu'elle photographie, Sophie Schoukens parvient à magnifier son scénario. Pour en faire un drame simple et beau.

Écrit par Tania Brimson
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