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Œuvre-maîtresse mais méconnue du scénariste-réalisateur James Toback, ‘Mélodie pour un tueur’ (1978) ressort en salles et en version restaurée après avoir fait l’objet d’un remake fameux en 2005 : ‘De battre mon cœur s’est arrêté’ de Jacques Audiard. Entre les deux films, on remarque que l’histoire est restée sensiblement identique, ainsi que la plupart de ses scènes-clefs. Comme Romain Duris dans le film d’Audiard, Harvey Keitel incarne dans cette version d’origine un pianiste talentueux doublé d’une petite frappe, déchiré par ses aspirations contradictoires. Mais moins léché que son remake, ‘Mélodie pour un tueur’ apparaît vite plus âpre – avec une scène finale limite gore – et, surtout, plus sexuel. La délicieusement farouche Lisa Marrow (sœur de Mia) y est sans doute pour quelque chose. En face, Keitel bouillonne, son personnage alternant entre le raffinement musical d’un Glenn Gould (que l’acteur singe parfois ostensiblement), une violence sourde de mafieux et une sensualité trouble, à la fois violente et candide. Au final, plus qu’une simple curiosité, ‘Mélodie pour un tueur’ se révèle un polar marquant sur le New-York de la fin des années 70, doté d’interprètes impressionnants, d’une réalisation sèche et du rythme implacable d’une tragédie moderne. En deux mots, voici donc une résurrection bienvenue.