Mobile Home

A 30 ans, on n'est pas beaucoup plus sérieux qu'à 17, en fait… Voire, on l'est nettement moins. Ainsi Simon (Arthur Dupont) et Julien (Guillaume Gouix), deux gentils doux rêveurs ayant atteint l'âge d'homme sans l'avoir vu venir, se retrouvent face à une remise en question radicale de leur quotidien, et décident de partir ensemble dans un road-trip héroïque qui, sans doute, leur apprendra quelque chose sur la vie. Un peu comme dans les bouquins de Kerouac ou Nicolas Bouvier. Sauf qu'entre pannes de véhicule, problèmes d'argent et questions sentimentales qui ne se résolvent pas aussi vite qu'on l'aurait imaginé, le duo d'acolytes n'arrive jamais à prendre la route. Amusant paradoxe que l'idée de ce voyage immobile, décalé, parenthèse dans la parenthèse qui, sous un certain angle, peut ressembler à une métaphore du cinéma comme voyage immobile.

Sur cette trame de base, 'Mobile Home' aurait pu constituer un petit bijou d'humour absurde, à la manière du dîner perpétuellement manqué du 'Charme discret de la bourgeoisie' de Bunuel. Pourtant, malgré sa belgitude, le film préfère jouer la carte du premier degré, et rendre compte avec réalisme de la crise spirituelle, affective, sentimentale, professionnelle ou familiale de Julien et Simon. Heureusement, les personnages traversent ces interrogations avec une bonhommie bienvenue, et le film parvient, grâce au naturel de ses comédiens, à atteindre un équilibre assez juste – quoi qu'un peu gentillet, parfois – entre imaginaire et sociologie, légèreté et constat générationnel. Finalement proche des thèmes fétiches de Klapisch ou Desplechin (l'angoisse de s'être découvert adulte, l'indomptabilité du désir, la contrainte sociale, l'intensité d'anciens rêves laissés pour compte…), 'Mobile Home' réussit néanmoins à trouver un ton personnel et délicat. Jamais donneur de leçon. Agréable, donc.