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My Sweet Pepper Land

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
My Sweet Pepper Land
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

La chute de Saddam Hussein n’a pas tout résolu au Kurdistan, mais elle a déjà beaucoup influencé le cinéma d’Hiner Saleem. Après plusieurs années d’exil et de films sur la diaspora kurde de par le monde, le réalisateur retourne, pour la deuxième fois après ‘Dol ou la Vallée des Tambours‘, dans le « triangle des Bermudes » : cette région de non-droit à la frontière entre Irak, Iran et Turquie, où le pouvoir des seigneurs locaux vient chatouiller le désir de liberté de la jeunesse kurde. Parmi celle-ci, Saleem a imaginé l’histoire de Goven et de Baran, deux jeunes Irakiens fuyant le fardeau familial dans cette région défigurée par la guerre d’indépendance, le trafic et la corruption.

Pour interpréter ce duo, le réalisateur a fait confiance à Korkmaz Arslan, un parfait inconnu en France, ainsi qu’à l’étoile montante Golshifteh Farahani qu’il avait déjà dirigée dans ‘Si tu meurs, je te tue‘. Chose rare, celle-ci prend également part à la bande originale avec son instrument fétiche, le hang, dont elle joue quelques notes dans le film (ainsi que parfois, dit-on, devant la cathédrale Notre-Dame : les fans que nous sommes y trouveront enfin une bonne raison de passer la Seine). Face à elle, Arslan, bien que quelque peu éclipsé par la présence de Farahani, se révèle particulièrement brillant dans son rôle de shérif implacable à la Charles Bronson.

Si leur histoire évolue de manière assez classique, le film, lui, semble se chercher au moins autant que la population qu’il nous montre. Il y a un monde entre la drôle de scène d’ouverture, qui voit le gouvernement kurde s’enorgueillir d’enfin pouvoir appliquer la peine de mort démocratiquement, et les face-à-face « Sergio Leonesque » qui opposent Korkmaz Arslan et Feyyaz Duman. Pourtant, ça marche, et ‘My Sweet Pepper Land‘ apparaît comme un film multiple, un western tourné du côté des Indiens, à l’humour absurde digne de Kusturica, capable de faire survenir la violence avec la même intelligence que De Palma, ou Zhangke Jia dans le récent ‘A Touch Of Sin‘. Au cinéma comme au Kurdistan, la justice sociale se cherche l’arme à la main.

Écrit par Yves Czerczuk
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