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Napoléon (1927)

  • Cinéma
Napoléon
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Time Out dit

Les 100 meilleurs films français

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L’ultra-célèbre (mais peu vu) ‘Napoléon’ d'Abel Gance est un film muet des années 1920, d'une ambition démesurée et s’étalant sur plus de cinq heures. En trois mots : une antiquité monumentale. Et naturellement, comme pour tous les monuments, certains se diront que ça risque d’être passablement chiant à visiter – courant le risque du kitsch, ou de l'ennui devant des codes trop inactuels. Eh bien, pas du tout ! Même s’il s’agit là de l’histoire de Napoléon, le type envahissant par excellence, les scrupules sont ici superflus tant le film est d'une modernité incroyable, en plus de constituer l’un des sommets du cinéma muet (et on aurait envie de dire « du cinéma tout court »). Déjà, son montage est d'une inventivité narrative et visuelle à faire pâlir David Fincher ; mais surtout, Gance diversifie ses scènes avec une virtuosité étourdissante, filmant avec la même audace son « Indiana » Bonaparte seul sur un radeau de fortune, au large de la Corse et bientôt pris par l’orage, et le chaos post-révolutionnaire à Paris, ou la mise en place de la Terreur – avec notamment une formidable scène de baston à l'Assemblée nationale, tournée caméra à l’épaule parmi des centaines de comédiens. Tout du long, ce portrait de Bonaparte est nerveux, fiévreux, passionnant ; on dirait un western politique. Parfois, Gance va jusqu’à placer ses caméras sur des chevaux au galop, avant de clore sa scène sur un panoramique stupéfiant qui semble anticiper la parade des morts, dans la mythique séquence finale du ‘Septième Sceau’ de Bergman. Autre référence qui vient immanquablement en tête : dans l'une des premières scènes, où le futur Napoléon n'est encore qu'un enfant (déjà excessif et ambitieux), la caméra se place à hauteur de son interprète, qu’elle suit avec une souplesse de mouvement à laquelle Kubrick a immanquablement dû penser, filmant au steadycam le jeune Dany de ‘The Shining’ en tricycle dans les couloirs de l'Overlook Hotel. Bref, pour quiconque désire une magistrale leçon de mise en scène, c’est ici. Sans parler de la poésie d’un film où l’on peut voir Antonin Artaud interpréter Marat – Gance se réservant… le rôle de Saint-Just.

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Écrit par AP
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