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Nuit#1

  • Cinéma
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Time Out dit

d'Anne Émond avec Catherine de Léan et Dimitri Storoge (2011)

Clara et Nikolaï sont deux inconnus, qui se rencontrent sur une piste de danse. Ils baisent, ils parlent (beaucoup), ils tentent de s’aimer, alors que la nuit continue dans l’appartement miteux du jeune homme. Nuit#1 est une lutte sans pareil contre le jour qui arrive, ce même jour qui fait disparaître les amours et les corps de la nuit passée. C’est une étude à cœur ouvert de ce que sont les premières fois, une dissection des rapports amoureux modernes qui, bien que les corps se touchent et se choquent, passe par un indiscutable ravissement du langage (on y retrouve l’engagement des textes de Pascal Rambert, notamment sa Clôture de l’amour, et ces voix face à face). Être ensemble, et essayer de l’être encore, cela doit être trouver notre langue à nous, ou être capables de recevoir celle de l’autre dans toute sa splendeur, toute sa dureté. Après cela, oui, on aura la chance de s’aimer peut-être, puisqu’il n’y a rien d’autre à faire dans ce « monde de merde ». C’est ainsi et seulement ainsi qu’ils arriveront à descendre ensemble au fond des choses. Mais s’aimer n’est pas simple, appréhender un autre que soi n’est pas simple. C’est ce qui rend cette première nuit décisive. Labyrinthe de pensées qui ne propose jamais de solution simple, cette nuit est rugueuse et sans ménagements. Elle est pleine de cicatrices et de larmes. Elle est frontale. Anne Émond émet ainsi la possibilité d’un film d’amour sans amour où seul comptent les temps perdus et les amants délaissés. Reste alors à se serrer dans les bras, dans les mots, en espérant que nous existions encore au petit matin. Et goûter au reflet de la nuit sur nos peaux.

Écrit par
Gildas Madelénat
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