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Only God Forgives

  • Cinéma
  • 5 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Only God Forgives
Photograph: Icon Film/Lionsgate
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Pour beaucoup (trop ?) de spectateurs, Nicolas Winding Refn est d’abord le réalisateur de ‘Drive’, son premier film hollywoodien sorti en 2011 avec pour acteur principal Ryan Gosling. D’où la probable déconvenue d’une partie du public devant cet ambitieux ‘Only God Forgives’, plus qu’appréciable si l’on s’intéresse de près à la filmographie du Danois, difficile d’accès dans le cas contraire. Car si les rues de Copenhague (trilogie ‘Pusher’, ‘Bleeder’) ou celles de Los Angeles (‘Drive’ encore) paraissent loin, ce dernier long métrage constitue pourtant une bonne synthèse de son œuvre cinématographique.

Ainsi, NWR choisit Bangkok pour mettre en scène une véritable tragédie antique, dont Julian (Ryan Gosling) – poussé par sa furie de mère Crystal (Kristin Scott Thomas) – fera les frais. Exit donc la superbe du driver, héros silencieux volant au secours de la veuve et de l’orphelin. Julian et sa famille incarnent ici ce que l’Occident connaît de pire, se montrant repoussants comme seuls certains expatriés (nouveaux colons ?) savent le faire. ‘Only God Forgives’ confronte ainsi deux cultures, celle du matérialisme et celle de la sagesse ; si pour Julian et son entourage la violence et la vengeance – thèmes de prédilection de Refn – sont une fin, elles ne constituent pour Chang (Vithaya Pansringarm) qu’un moyen vers une moralité sans faille. Empreint de philosophie et d’une forme de zen jusque dans sa réalisation (notamment la magnifique scène de poursuite dans les rues de Bangkok), ce film noir use sans abuser d’éléments visuels obsédants (papier peint représentant un dragon, couleur rouge, statuettes du Bouddha) et d’effets sonores totalement maîtrisés.

Pas étonnant donc que Refn dédie son film à Alejandro Jodorowsky, puisqu’il ouvre des pistes vers une forme de spiritualité, questionnant le pur et l’impur ; un aspect nouveau dans son cinéma, dont les prémices se faisaient déjà sentir dans l’hallucinatoire ‘Guerrier silencieux (Valhalla Rising)’ (2009). Logique aussi de trouver Gaspar Noé dans les remerciements, tant son Bangkok évoque le Tokyo d’‘Enter the Void’. De même qu'on retrouve Larry Smith, directeur de la photographie de Kubrick (pour 'Barry Lindon' et 'Eyes Wide Shut'), au générique. Alors peu importe que le scénario tienne en deux lignes : ici tout repose sur ses sublimes interprètes, véritables figures mythologiques, et l’inévitable confrontation entre Julian et Chang vers laquelle tend le film. Moins pop, plus gore (remarquable séance d’« acupuncture ») et sans doute moins drôle, le Refn nouveau séduit toujours par sa virtuosité, et intéresse désormais par sa dimension morale.

Écrit par Nicolas Hecht

Détails de la sortie

  • Noté:18
  • Date de sortie:vendredi 2 août 2013
  • Durée:90 mins

Crédits

  • Réalisateur:Nicolas Winding Refn
  • Scénariste:Nicolas Winding Refn
  • Acteurs:
    • Ryan Gosling
    • Kristin Scott Thomas
    • Tom Burke
    • Vithaya Pansringarm
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