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Time Out dit

Est-ce vraiment une bonne idée de jouer au plus malin avec le diable ? Si la question mérite d’être posée, la réponse de Denis Dercourt laisse sceptique. Le film du réalisateur français, tourné dans la langue de Goethe, évolue autour de la résurgence du passé et du pacte avec le démon ; difficile de ne pas y voir une variation autour de Faust, œuvre élevée au statut de mythe dans la culture germanique.

Mais du côté des emprunts, c’est vers Polanski que Dercourt semble le plus lorgner. L’apparition de la figure du malin rappelle par moment ‘La Septième Porte’, et le personnage d’Yvonne nous renvoie étrangement aux figures féminines incarnées par Emmanuelle Seigner dans l’œuvre du cinéaste franco-polonais. Les similitudes entre les deux réalisateurs ne s’arrêtent pas là. Rassurez-vous, nous n’aborderons pas le casier judiciaire de Dercourt. Néanmoins, comme dans l’œuvre de Polanski, la musique tient une place importante dans la narration. Elle souligne – souvent lourdement – la trame scénaristique, tout comme elle marque parfois de manière trop ostensible la cadence du film, par ailleurs excellente : quel dommage de voir ainsi la bande-son sursignifier une histoire déjà bien rythmée !

On peut également reprocher au réalisateur le classicisme de sa mise en scène, ainsi que le jeu d’acteur un peu forcé. Sans doute s’agit-il d’une influence de l’expressionisme allemand ; quoi qu’il en soit, cette surcharge théâtrale fait que l’ambiance vire assez naturellement au fantastique, mais sans aucune subtilité. La direction des acteurs et les décors, très épurés, empêchent toute évolution harmonieuse des lignes narratives jouées en contre-point, bien trop présentes quand elles devraient se faire discrètes. On en ressort avec l’impression d’avoir assisté à une agréable fable satanique, bien écrite et bien rythmée, mais pour laquelle Dercourt n’aura manifestement pas réussi à tirer le diable par la queue.

Écrit par Yves Czerczuk
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