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Profession : reporter

  • Cinéma
  • 5 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Profession : reporter - Jack Nicholson
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Comme souvent chez Michelangelo Antonioni – en particulier dans Blow-Up et Zabriskie Point, ses deux autres grands films internationaux –, le pitch de Profession : reporter, à la fois simple et intriguant, paraît lorgner vers le polar pour mieux s’en défaire, le transformant bientôt en une méditation sur l’éphémère densité des sentiments et le vertige existentiel.

Ici, un journaliste américain, David Locke (Jack Nicholson, brillant de sobriété lasse), se trouve chargé d’enquêter au fin fond de l’Afrique, où un concours de circonstances l’amène à changer d’identité en prenant celle d’un homme lui ressemblant étrangement, retrouvé mort dans une chambre d’hôtel. Laissant derrière lui son nom, sa personnalité, son travail et sa femme, David décide alors de suivre l’emploi du temps du disparu, qu’on découvre peu à peu mêlé à de bien louches affaires. En parallèle, l’ancien reporter croise une jeune femme mystérieuse et sauvage (Maria Schneider, d’une sensualité bouleversante sous la caméra d’Antonioni, trois ans après Le Dernier Tango à Paris), qui l’accompagnera dans sa dérive.

Des films sur l’errance et la perte de repères, on peut dire qu’il y en eut moult (en particulier, ces dernières années, chez les descendants d’Antonioni comme Claire Denis, Nuri Bilge Ceylan, Wim Wenders, Lisandro Alonso ou Gus Van Sant) et qu’une immense part du cinéma des années 1960/70 creusait également ces thèmes : Easy Rider de Denis Hopper, La Balade sauvage de Terrence Malick, Macadam à deux voies de Monte Hellman… Pourtant, sans doute plus que tout autre, Profession : reporter reste l’expression la plus viscérale, flottante et dénudée de la fuite de soi-même, physique et psychologique, et de la démission d’une identité aliénée qui se fond peu à peu dans les atmosphères, la géographie, l'indifférence des ruines et du désert. L'un des sommets d'Antonioni et du road-movie.

Écrit par AP
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