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Les années ont beau avoir passé, le constat reste inexorablement le même : le socialisme n’a sa place dans l’imaginaire américain que s’il termine perdant. Ce n’est pas l’à nouveau très patriote Clint Eastwood qui dira le contraire, lui qui inspira la vague des films anti-communistes des années 1980 (‘Top Gun’, ‘Rocky IV’, ‘Aube rouge’ ou encore ‘Invasion USA’) avec son risible ‘Firefox’, ni même le trublion Werner Herzog, surprenant producteur de ‘Red Army’ en compagnie du plus « showbusiness » Jerry Weintraub – coupable, entre autres, de la série des ‘Karate Kid’ et de ‘J’ai épousé une extra-terreste’. Gabe Polsky, en signant ce documentaire sur l’équipe soviétique qui domina le monde du hockey de 1975 à 1989, ne cherchait, de toute évidence, pas plus que les autres à faire bouger les lignes, mais bien à offrir un spectacle digne du cinq majeur du club de l'Armée Rouge. Et, sur ce point, force est de constater que l’ancien producteur met le palet au fond des filets.
Car, au-delà des considérations éthiques, l'œuvre réalisée par cet ancien producteur contient la force des grands documentaires sportifs si typiques d’ESPN. Un sens de la dramaturgie et du spectacle que l’on retrouve particulièrement dans la série des '30 to 30’, ‘Slaying the Badger’ ou ‘The Two Escobars’ des frères Zimbalist, où chaque protagoniste est essoré jusqu’à en extraire non pas ce qu’il a de meilleur, mais bien ce qu’il possède de plus télégénique. En témoigne l’irréelle scène d’ouverture, qui se contente du doigt d’honneur porté à la caméra par Fetisov pour poser le personnage. Ancienne étoile du hockey mondial devenue ministre de Poutine, homme d'affaires cinglant et altier, Fetisov restera comme l'un des grands gagnants du dégel des années 1980. Rien d'étonnant, donc, à le voir honoré de la sorte dans un documentaire si hollywoodien. En Russie comme aux Etats-Unis, l’Histoire s'écrit toujours du côté des vainqueurs.