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Sieranevada

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Sieranavada
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Le scénariste et réalisateur roumain Cristi Puiu (remarqué avec ‘La Mort de Dante Lazarescu' en 2005) revient avec une comédie noire et grinçante.

Se retrouver plongé dans une cérémonie funéraire en pleine Roumanie pendant près de trois heures : voilà qui n’évoque pas nécessairement ce qu’on appelle une soirée de plaisir… Pourtant, les courageux cinéphiles qui oseront tenter l’étonnante expérience proposée par ‘Sieranevada’ auront de quoi se délecter de son humour noir, claustrophobe et tranquillement absurde.

Quiconque a déjà vu une œuvre de Puiu, qu’il s’agisse de ‘La Mort de Dante Lazarescu' (l’un de films qui lança l’actuelle nouvelle vague du cinéma roumain en 2005) ou de l’austère ‘Aurora’ (2010), sait que ses comédies dramatiques sont généralement traversées d’un réalisme exigeant et d’une temporalité singulière. Sans oublier l’humour noir assez particulier de Puiu, qui nous montre ici la célébration des 40 jours de la mort d’Emil, mari, père ou grand-père des membres de la famille ici rassemblée.

Nous voilà donc jeté en pleine vie de famille, complètement chaotique – dont on vous déconseille d’essayer d’imaginer l’arbre généalogique. On met même d’ailleurs un certain temps avant de comprendre qu’il s’agit d’une cérémonie funéraire, qui se verra majoritairement traitée comme un huis-clos. A la fois nonchalante, bavarde et pleinement maîtrisée, la réalisation fait la part belle aux personnages et à leurs débats autour du communisme, du 11 septembre, des meurtres de Charlie Hebdo (qui ont lieu trois jours avant l’action du film), des laissés-pour-compte toxicomanes ou de l’infidélité chez les hommes d’âge mûr.

Emil, le défunt, ne se trouve finalement mentionné qu’occasionnellement au sein du film. Il en apparaît ainsi comme le fantôme, physiquement absent mais omniprésent, de façon implicite, dans chacun des esprits. Aussi le sens du film paraît se défiler, laissant à chaque spectateur la libre interprétation de ‘Sieranavada’ suivant ses différents niveaux de lectures ou notre proximité avec tel ou tel personnage. Certains en sortiront peut-être un tantinet insatisfaits. Ici, nul grand message clair ne se voit délivré. Pourtant, la sensation, profonde et significative, d’avoir partagé la réalité de ces existences reste incontestable. Et d’une indéniable puissance.

Dave Calhoun
Écrit par
Dave Calhoun
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