Recevez Time Out dans votre boite mail

Still the Water

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Still the water
Publicité

Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Ne vaudrait-il parfois mieux dire ce que les films montrent, simplement, plutôt que ce qu’ils racontent ? Rendre compte des lieux, des paysages, plutôt que d’une intrigue. Car ce qui frappe d’abord dans ‘Still the Water’, c’est sans conteste l’île d’Amami-Ōshima, située au sud de l’archipel du Japon et pétrie de traditions ancestrales, que Noami Kawase prend pour décor. Ici, une adolescente accompagne le quotidien de sa mère, chamane atteinte d’une maladie incurable, tout en découvrant l’amour avec un garçon de son âge – qui cherchera, pour sa part, à retrouver son père, tatoueur à Tokyo. Là-dessus, la découverte d’un cadavre, flottant à la surface de la mer, renvoie chacun à son propre rapport à l’existence. Mais en fait, plus qu’à travers la narration ou le jeu des acteurs, les émotions des personnages se voient communiquées par la contemplation de la nature, le calme ou le déchaînement des éléments. Ou, parfois, par des rituels ou des chants traditionnels.

Pour le reste, il faut avouer que ‘Still the Water’ réinvestit les thèmes récurrents de la réalisatrice nipponne, à commencer par ceux de la transmission, du cycle de la vie et de la mort, ainsi que d’une omniprésente mystique de la nature. Or, si le sentiment d’une recette (voire d’une fausse naïveté complaisante et maniérée) a souvent pu agacer dans les précédents films de Kawase, celui-ci réussit joliment à embarquer le spectateur, malgré quelques petites longueurs panthéistes. Surtout, c’est lorsque ‘Still the Water’ se rapproche du documentaire (notamment lors d’une impressionnante et longue scène d’agonie) que le film parvient véritablement à décoller, à filmer de l’inédit et à trouver un ton original. A la fois capable de saisir de véritables moments de grâce et d’aligner les banalités les plus laborieuses, Naomi Kawase semble enfin parvenue à livrer ici son film le plus immersif depuis longtemps.

Écrit par AP
Publicité
Vous aimerez aussi