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Voici un film d'une délicatesse telle qu'elle confine à l'évanescence. Ryoata, riche trentenaire, architecte obsédé par la réussite sociale et père de famille assez vieux jeu, et sa femme Midori apprennent que leur fils de 6 ans a, en réalité, été échangé à la naissance contre un autre enfant qu'ils croient être le leur. Contactés par la maternité, ils rencontrent les parents d'en face et, tandis que chacun des couples envisage de récupérer sa progéniture biologique, se rendent compte que les deux gamins n'ont absolument pas reçu la même éducation.
Bref, c'est effectivement le pitch de 'La vie est un long fleuve tranquille' d'Etienne Chatiliez, mais assorti d'un humour évidemment moins gaulois. Ici, la tonalité, typiquement nipponne (d'Ozu à Kawase), serait plutôt celle d'un conte, plein de pudeur et de bienveillance, sur la filiation, le doute, la transmission. Voire d'un haïku, tant le film joue sur la fugacité, le détail, la légèreté, au risque de paraître un tantinet lénifiant dans son propos (être bon père, c'est s'intéresser à son enfant : super nouvelle) et prévisible dans son déroulement narratif. Heureusement, le long métrage de Kore-eda parvient à faire preuve de suffisamment de grâce pour ne pas tomber dans la platitude. Même s'il reste majoritairement aussi relevé que du tofu. Et qu'on peut aimer plus épicé.