Une seconde mère

Entre comédie sociale et drame familial – ou bien l’inverse – centré sur les inégalités et évolutions actuelles de la société brésilienne, ‘Une seconde mère’ se révèle beaucoup plus fin et agréable que ce que son synopsis pourrait a priori laisser imaginer.

Employée de maison au service d’un riche couple de São Paulo et de leur fils depuis une douzaine d’années, Val (Regina Casé) voit soudain débarquer sa fille Jessica (Camila Márdila), adolescente au caractère bien trempé, venue dans la capitale économique du Brésil pour y passer un concours d’architecte.

Mère et fille ne s’étant pas vues depuis près de treize ans, les retrouvailles ne vont évidemment pas se révéler faciles ; d’autant que Jessica, bien qu’hébergée par la famille qui emploie sa mère, n’est pas sans contester – avec humour, pertinence et une douce insolence – les rapports de domination de classe que sa mère semble considérer comme allant de soi.

Si l’histoire peut paraître toute simple, le sens du détail apporté par la réalisatrice Anna Muylaert à son film sonne souvent très juste. Par touches légères, elle parvient à instaurer un climat délicat et équilibré, tour à tour amusé, sensible, sans concession dans son propos social, mais qui ne force pas le trait non plus.

Surtout, ce long métrage se voit formidablement porté par son épatant duo d’actrices, récompensées par un prix en commun lors de la dernière édition du festival de Sundance. A noter d'ailleurs qu’‘Une seconde mère’ s’est également vu remettre le Prix du public au 65^e festival de Berlin. Deux distinctions largement méritées pour ce beau voyage au Brésil, aussi subtil que touchant.