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Vincent n'a pas d'écailles

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Vincent n'a pas d'écailles - OK
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Lire aussi notre interview de Thomas Salvador, réalisateur, scénariste et interprète de 'Vincent n'a pas d'écailles'.

Si le Monstre du Loch Ness a des nageoires, et le minotaure une tête de taureau, Vincent, lui, n’a pas d’écailles. Loin d’être une créature monstrueuse, ce drôle de super-héros voit ses forces se décupler lorsque son corps entre en contact avec l’eau ; c’est ainsi que le surnaturel fait irruption dans ce premier long métrage, réjouissant et original, de Thomas Salvador. Pour autant, aucune triche numérique ne vient troubler la beauté simple des images, de la nature et de l’harmonie à laquelle aspire le personnage : bricolés à l’ancienne, les effets spéciaux paraissent ici d’autant plus merveilleux qu’ils évacuent les fonds verts pour une performance pleine d’humanité, proche de la magique authenticité d’un Méliès.

Pour ce film, le réalisateur – qui en interprète également le rôle principal – a judicieusement pris le parti de minimiser et de simplifier les dialogues, de telle façon qu’il privilégie la richesse des silences et l’intensité des regards de ses personnages. Alors que Vincent et sa complice Lucie (Vimala Pons, récemment vue dans ‘Fidelio, l’Odyssée d’Alice’ et ‘La Fille du 14 juillet’) n’échangent que des paroles éparses, entre deux baignades ou au beau milieu d’une savoureuse course-poursuite, leur complicité saute aux yeux, et ce, dès leur première rencontre. La sincérité de leurs sourires y est sans doute pour beaucoup, mais une chose est certaine, ces deux amoureux-là  n’ont pas besoin de mots pour se comprendre, ni pour nous faire part de l’essentiel. Et, lorsqu’elles surviennent, leurs paroles, éloquentes, sonnent toujours avec justesse. On se souvient notamment de la très jolie scène de « la plus longue caresse du monde », une séquence qui se suffit presque à elle-même, tout empreinte de douceur et d’ingénuité.

A la fois pleinement cohérent dans sa progression narrative, dans son ton et son atmosphère, et parsemé de séquences mémorables et autonomes, tour à tour émouvantes, poétiques ou ludiques, ‘Vincent n’a pas d’écailles’, faux film de super-héros asocial, ressemble fort au coup d’envoi d’une carrière largement prometteuse. Un premier long métrage dont on peut donc dire de son réalisateur, le délicat Thomas Salvador, qu’il a bien eu raison de se jeter à l’eau.

Écrit par Céleste Lafarge et Alexandre Prouvèze
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