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Vous n'avez encore rien vu

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Vous n'avez encore rien vu
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Alain Resnais, 90 ans, semble totalement épargné par l’âge, au moins en ce qui concerne ses films : ainsi, ‘Les Herbes folles’ (2009), son précédent long métrage, semblait à la fois plus audacieux, léger et évocateur que nombre d’œuvres de réalisateurs plus jeunes. Et ce nouveau  ‘Vous n’avez encore rien vu’ n’est pas moins aventureux, nonobstant son sujet.

Pour reprendre un ancien titre du réalisateur, on pourrait dire que la double préoccupation de cette adaptation, formellement inventive, de ‘Eurydice’ de Jean Anouilh pourrait tenir en l’expression : ‘L’Amour à mort’. Toutefois, si le cinéaste nourrit quelques inquiétudes sur sa propre disparition, il se garde bien de les révéler. Ludique, spirituel, théâtral sans vergogne, autant que cinématographique, le film commence par un fabuleux tableau d’acteurs – Sabine Azéma, Pierre Arditi, Michel Piccoli, Lambert Wilson, Anne Consigny, Mathieu Amalric et Hippolyte Girardot – qui se retrouvent convoqués dans la demeure de leur ami commun, un vieux dramaturge récemment décédé. Là, ils assistent à la projection d’une vidéo montrant les répétitions, par d’apprentis comédiens, de l’adaptation du mythe d’Orphée et d’Eurydice par l’écrivain mort. Puis eux-mêmes entrent en scène.

Bien sûr, le film est éminemment plus riche que son synopsis pourrait le laisser entendre. Comme la plupart des œuvres de Resnais, il établit une interaction constante entre la « réalité », la mémoire, l’imagination et le désir. Par ses puissants choix formels, le film évoque la mort sans qu’elle paraisse menaçante, les fantômes se révélant tout simplement être nos sentiments passés. Le film est touchant, mais plus encore, il est sage, plein d’esprit et de profondeur. On souhaite bien d’autres œuvres à Alain Resnais ; mais si ce film devait être son chant du cygne, avec ses lointains échos de ‘Hiroshima mon amour’ (1959), ç’en serait un des plus délicieux qu’on puisse entendre.

Écrit par Geoff Andrew / A.P
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