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Wrong

  • Cinéma
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Wrong
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Quentin Dupieux signe avec ‘Wrong’ un film cocasse et singulier, qui fait figure d’ovni dans le paysage du cinéma français. Tourné aux Etats-Unis avec un casting américain (à l’exception d’Eric Judor), le troisième long métrage du versatile Versaillais surfe entre réalisme et abstraction. Le scénario, a priori moins décalé que pour ses précédents films, ‘Steak’ (2007) et ‘Rubber’ (2010), sert de trame à une série d’évènements insolites et anormaux – d’où le titre. L’ambiance, soutenue par une bande-son estampillée Tahiti Boy et Mr Oizo (le double musical du réalisateur), est imprégnée de l’angoisse symptomatique de tous les films de Dupieux. Son personnage principal, Dolph (Jack Plotnick), se réveille un matin sur les coups de 7h60, pour s’apercevoir que son chien – au patronyme beaucoup plus humain, Paul – a disparu. S’ensuivent des scènes burlesques, à la limite du surréalisme, dans lesquelles on sent pointer l’influence de Michel Gondry, avec lequel l’artiste fit jadis ses armes sur des vidéo-clips. Dialogue improbable au téléphone entre Dolph et une vendeuse de pizzas sur le pourquoi du comment du logo de la pizzeria, averse incessante au bureau auquel il continue de se rendre bien qu’il en ait été licencié, palmier qui se change en sapin... L’absurde surgit par touches et toujours au premier degré. Les seconds rôles, très réussis, sont tout aussi ubuesques. Tel le mystérieux philanthrope Maître Chang (un William Fichtner orientalisé), qui kidnappe des animaux domestiques afin d’assister plus tard aux émouvantes retrouvailles avec leurs maîtres, s’inspirant sans doute du proverbe : « On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va. » On retrouve également avec plaisir Eric Judor donc, en jardinier français qui va vivre un cauchemar lynchesque avec Emma, une vendeuse de pizzas nymphomane (Alexis Dziena, charmante psychotique). Mais aussi Steve Little, l’hilarant acolyte de Kenny Powers dans la série ‘Eastbound and Down’, dans un emploi très différent de détective aux procédés de recherche assez spéciaux, et Mark Burnham en flic patibulaire dont le personnage est développé dans le Chapitre 1 de ‘Wrong Cops’ (spin-off déjanté, mettant en scène un Marilyn Manson démaquillé en ado qui se fait reprendre sur ses goûts musicaux). Au final, un film frais – malgré la pesanteur assumée des nombreux plans fixes –, qui s’inscrit dans la lignée d’un cinéma moderne, inventif et un peu barré, porté par des réalisateurs comme Michel Gondry et Spike Jonze.

Écrit par Barbara Chossis
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