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Goudemalion, sa vie, son oeuvre

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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Grand imagier, grande… exposition. Forcément. Pour rendre hommage à Jean-Paul Goude, il fallait bien s’attendre au cocktail d'extravagance que le musée des Arts décoratifs réserve au photographe publicitaire français. Aussi colorée que le rayon peinture de Castorama, aussi vampé qu’un clip de Sean Paul, aussi chic et choc que sa muse Grace Jones, l’exposition ‘Goudemalion’ retrace le parcours du créateur des trépidantes Kodakettes, depuis ses premiers habiles gribouillis d’enfance jusqu’aux diapositives découpées, morphologies remodelées et spots télé qui ont fait de lui une sorte de pape postmoderne de la manipulation d’images.

Qu’on le veuille ou non, le langage graphique du « créa » français, gourou de la retouche photo, est profondément ancré dans notre culture visuelle. Son style, n’importe quel Parisien l’identifierait sur une affiche des Galeries Lafayette en une fraction de seconde. Peut-être sans en être réellement conscient, comme le prouve ce parcours verni de l’éclat des années 1980 et 1990, généreusement tartiné de jupes bouffantes, de jambes interminables, de strass et d’épaulettes. Bref, de tous ces éléments « goudiens » qui ont su s’imprimer sur nos rétines, au fil du temps, aussi sûrement que l’odeur du Coco Chanel sur les vêtements de maman.

On peut trouver cela agaçant, que le « pubard » illusionniste, obsédé par ses muses, le fric, la frime, sache nous allumer en un coup de flash. En une image en forme de Laetitia Casta amplifiée, de Farida Khelfa affinée, de Naomi Campbell à rallonge. Campbell vêtue d’une peau de félin en pleine savane, faisant la course contre un léopard ; Campbell sapée d’une veste en croco, s’affalant sur un alligator… A’rrr, le point zéro de la séduction ? Chez Goude, le second degré n’existe pas, le monde se compartimente proprement en bons vieux lieux communs : les femmes sont grandes et belles et fatales. Les Asiatiques sont armés de sabres samouraï, les Espagnols font de la corrida. Entre l’absence d’ironie et le trop plein de dérision, on hésite. Mais pas de doute, il y a, dans l’évidence décomplexée de ces clichés, quelque chose de nettement déconcertant.

On aurait tort cependant de résumer son travail à ce marketing léché, fétichiste et sexiste, à cet univers de totems « blacks, blancs, beurs » imaginés pour vendre des bijoux et des fioles de parfum. Implicitement, les Arts déco nous invitent à nous remettre dans le contexte. A comprendre les mécanismes que Goude contribue à mettre en route, propulsé par un marketing graissé de budgets et d’audimats mirobolants. Le concepteur du défilé multiethnique commandé par Mitterrand pour le bicentenaire de la Révolution, le photographe qui a voulu pousser son époque vers l’avenir en inventant une vie collective en rose lipstick, incarne avant tout les années 1980. Des années aux espoirs métissés et optimistes. Des années où Noirs, Maghrébins et Asiatiques posaient enfin sur les pubs dans le métro. Des années vers lesquelles on ferait parfois bien de regarder plus souvent.

Infos

Site Web de l'événement
www.lesartsdecoratifs.fr
Adresse
Prix
De 8 à 9,50 €
Heures d'ouverture
Du mardi au dimanche de 11h à 18h, nocturne jeudi jusqu'à 21h
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