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La Triennale, 'Intense proximité'

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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Foire d’art contemporain franco-française tenue au Grand Palais en 2006 et en 2009, ‘La Force de l’art’ est morte, et ça n’est pas plus mal. Réincarnation en 2012 : le salon a reconquis Paris sous la forme de ‘La Triennale’ du Palais de Tokyo, plus internationale et plus audacieuse. Après de longs travaux, l’institution des bords de Seine étrenne à cette occasion 22 000 m2 de surface d’exposition (contre 8 000 m2 précédemment), qui dégringolent jusqu’au fleuve pour honorer la création contemporaine internationale.

Passé quasiment inaperçu lors de ses premières éditions, l'événement a pris une ampleur considérable entre les murs flambant neufs du palais des arts le plus contemporain de la capitale. Le tout sous la bonne étoile de Claude Lévi-Strauss : car c'est une lecture complexe, subtile, à penchants anthropologiques de l'histoire de l'art que nous livre Okwui Enwezor, en glissant les photographies de l'ethnologue dans la genèse de son parcours. Le curateur américano-nigérian du Haus der Kunst de Munich, commissaire général de cette exposition pantagruélique, défie ainsi royalement les théories sur l’art héritées du cubisme, du conceptualisme ou de Marcel Duchamp. Ici, on fait table rase. A l’aide de 90 artistes qui bousculent tout ce que vous croyiez savoir de l’art contemporain.

De Sarkis à Camille Henrot, de Lili Reynaud-Dewar à Rirkrit Tiravanija, de Chris Ofili à Annette Messager, les frontières entre les cultures, les générations, les formes et les expressions sont effacées à tout va. Installations, vidéos, photos, peinture : sautant sans cesse du documentaire à la fiction et de l'abstrait à l'explicite, l’enchevêtrement des œuvres, audacieux, prend la forme d’un labyrinthe imprévisible, aux faux airs de parcours initiatique. Si le résultat, immense et un brin confus (voire à la limite de l'anxiogène dans le sous-sol sombre, aux allures de parking souterrain), peut sembler excessif et oppressant, la Triennale se savoure moins comme une exposition à échelle humaine (ce qu’elle n’est pas) que comme un joyeux pied de nez aux carcans rouillés de l'art contemporain. Globes terrestres taillés dans des bonbonnes de gaz (Batoul S'Himi), références à la blaxploitation (Chris Ofili), peintures aéropostales (Eugenio Dittborn), pubs glamour teintées de slogans morbides (Claude Closky)… Ici, tout est possible : foisonnantes, complexes, les idées qui fusent en tous sens sont liées par le même flux, libre et magnétique, qui coule d'œuvre en œuvre, irriguant le parcours des réalités sociales et politiques de notre époque. Pas de réponses, pas d’étiquettes, pas de problématiques définies : c'est en se contentant, au contraire, d'ouvrir des portes que la Triennale, profession de foi du nouveau Palais de Tokyo, s’impose comme un tournant pour l'art contemporain à Paris. A la fois brillant et monstrueux.

Infos

Site Web de l'événement
www.latriennale.org/
Adresse
Prix
8 €
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