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Masculines

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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Une douce lumière balaye les corps voluptueux lascivement abandonnés sur le sol. Dans le silence attentif de l’Arsenal (Metz), les sept corps chaloupés bombent le torse, cambrent les reins, font glisser leur massive chevelure bouclée sur leurs épaules. Un tableau de nonchalance saphique qui rappelle les vapeurs des bains turcs d’Ingres.

Nœud de corps féminins aux formes généreuses sur une musique aux accents orientaux. Une certaine idée de l’érotisme bientôt chahutée par le rouge des néons et des sons plus synthétiques. Le harem se décolle petit à petit de son horizontalité pour investir les clichés contemporains de la féminité maquillée : pose à quatre pattes, jambes écartées et gémissements en rythme. Petit à petit, le bain turc prend des airs de red light district pour souligner le glissement du rapport à la domination. Une imagerie différente mais qui possède le même vocabulaire et procède de la même dialectique dominant/dominé. Les époques changent, mais les clichés restent les mêmes. Muettes et asservies par un « plafond de verre » qui les écrase au sol, les femmes vont tenter de reprendre le pouvoir verticalement. Une puissance et une énergie soulignées par les riffs de guitare et la voix de l’énergique et écorchée PJ Harvey.

Sur le plateau, les sept danseuses – pourtant chacune porteuse d’une identité forte – n’en forment qu’une. Elles sont comme une meute assujettie à la fascination et l’érotisation du regard masculin. Une soumission qui échappe parfois au rapport binaire homme/femme. A la lisière des genres, comme pour rendre compte de l‘extrême complexité des représentations, elles s’approprient par bribes les stéréotypes de l’autre sexe (une moustache, un cigare). Une frontière poreuse qui trouve son acmé dans une scène musclée où les odalisques se transforment en guerrières avant de se lâcher dans une transe quasi-animale. Riche de sens, la chorégraphie de Héla Fattoumi et Eric Lamoureux brouille les pistes, fait siens les signes pour mieux les broyer. Une sorte de manifeste en évolution à voir de préférence à quelques centimètres du plateau. Sensations garanties.

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