Une très grande pièce dans une toute petite salle. L'œuvre maîtresse 'Les Caprices de Marianne' d’Alfred de Musset attire toujours autant. Que ce soit les metteurs en scène ou le public, ce texte intrigue et on ne cesse de lui attribuer de nouvelles lectures.
Mais piano piano, ne vous attendez pas à un débordement lubrique orchestré par une orgie costumée au beau milieu du carnaval napolitain, où se déroule la scène. La compagnie mise sur la retenue et sur une touche de modernité. Un petit peu de musique techno et un fond noir pour décor. Sur ce point, la dose est juste et nous évite d'étouffer dans une surinterprétation loufoque à laquelle on a l’habitude d’assister lorsqu’il s’agit de Musset. La pudeur de la mise en scène marque à la fois l’andante et le bémol de la pièce. L’idée de la musique techno, symbolisant un aparté carnavalesque, est plaisante. Mais sa courte durée nous donne l’impression que l’auteur n’a pas osé prolonger cet instant jusqu’à en devenir songe. Cette voie aurait peut-être pu permettre aux spectateurs de laisser davantage libre cours à leur imagination. La mise en scène reste somme toute assez classique, malgré quelques éclairs.
Elle se distingue toutefois des autres pièces classiques par le jeu subtil et original des acteurs ainsi que par la proximité qu’ils réussissent à établir avec le public. Dans cette toute petite salle, les acteurs réussissent à exploiter la promiscuité avec pertinence. Du bon théâtre en somme, sans dorures ni fioritures.