« Moi, j’ai tout aimé » lâche un petit garçon à la fin du spectacle. « Moi aussi » renchérit un autre. Et puisque la vérité sort de la bouche des enfants, vous ne risquez pas grand-chose à les guider jusqu’au Théâtre de Poche. D’autant que le spectacle mis en scène par Emilie Chevrillon a été taillé pour eux. Un petit bijou de théâtre jeune public, à la fois drôle, humble et poétique inspiré des ‘Contes’ d’Eugène Ionesco. Une Josette qui essaye chaque matin de tirer ses parents hors du lit en tambourinant à leur porte, un père qui lui raconte des histoires évidemment absurdes et une exquise Jacqueline-la-femme-de-ménage à l’accent british... Quatre personnages au total joués avec naturel par seulement deux comédiens : Pauline Vaubaillon et (ce jour-là) l’excellent maître ès accents (du sud, asiatique et anglais) Brock. Autour d’une simple porte et de quelques accessoires, le duo va nous emmener dans un voyage inédit où les téléphones sont en réalité des fromages et où tout le monde se prénomme Jacqueline… Des contes racontés avec rythme, parfois en chanson, et expressément conçus sans fées ni baguettes magiques, artifices communs des histoires enfantines. Point d’à-côtés superflus, la mise en scène d’Emilie Chevrillon se pare du minimum, une porte, deux acteurs, une poupée et quelques accessoires. Une épure qui met en évidence l’univers insolite de l’auteur : des sacs de couchage qui s’enfilent comme des costumes et des escapades jusqu’au soleil.
Autant dire que les cinquante minutes sont bien remplies et qu’elles vous colleront un large sourire pour le restant de la journée, tout adulte que vous soyez.