Il faudra fouler plusieurs passages piétons et emprunter quelques avenues depuis la porte de Champerret avant de tomber sur le petit lopin de terre Romanès. Un discret chapiteau rouge encerclé de roulottes et de frigos. A l’intérieur, l’ambiance va bon train. Saxophone, accordéon, violon et contrebasse peuplent la scène tandis que des adolescents se pressent derrière le mince rideau. Alexandre Romanès vérifie l’heure au poignet d’un spectateur avant de sonner le début officiel des festivités. Tour à tour, chacun des artistes du cirque, jeune ou moins jeune, viendra se présenter, grand écart au sol pour certaines, boules de jonglage à la main pour d’autres. Voilà comment en quelques minutes à peine ‘Lignes de la main jusqu’au coude’ nous embarque. Musique pétaradante et numéros vertigineux, le tout saupoudré de bonne humeur tzigane.
Assise aux cotés de l’orchestre, Délia agrippe un micro et se met à chanter, construisant au grès des paroles une scénographie sonore. «Vous n’avez pas besoin d’éteindre votre téléphone portable, vous pouvez même y répondre, ils ne nous dérangent pas » nous avait annoncé le maître de cérémonie. Et pour cause, aucune seconde ne sera dévolue au silence : du début jusqu’à la fin, les musiciens s’activent sur leur instrument.
Devant eux sur la piste, pendant que les acrobates s’enroulent à leur tissu, que la trapéziste s’envole dans les cieux, au xquatre coins du chapiteau, des techniciens s’affairent, faisant glisser les cordes sur leurs poulies, les nouant aux armatures en acier. Tout ici est travail d’équipe, de famille même. Des enfants qui jonglent avec des balles de football ou qui se hissent à la force des bras sur des sangles suspendues, un père qui les encourage à quelques mètres, ou encore un couple dans une scène de cadre aérien aux allures de tango… Ambiance familiale sur la scène comme dans la salle. Alors oui, on trouvera certainement plus impétueux ailleurs, mais peut-être pas aussi chaleureux.