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Aglaé

  • Théâtre
  • 5 sur 5 étoiles
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Dans la dernière création de Jean-Michel Rabeux, Claude Degliame incarne une prostituée au verbe et à la personnalité hors du commun.

A chaque spectacle de Jean-Michel Rabeux son type de monstre. Sa parole de déclassé. Après les clowns obsédés sexuels des 'Quatre jumellesde Copi, les punks amoureux de R&J ou encore l'antique et sanguinaire bonhomme des 'Fureurs d'Ostrowsky', le metteur en scène s'empare des mots qu'une prostituée de 60 ans lui a confiés. Une « pute par vocation » affirme, dès les premières minutes du spectacle, Claude Degliame, comédienne fétiche du metteur en scène. Une pute heureuse et riche qui a tout connu du monde qu'elle s'est choisi, du trottoir aux dîners organisés par des clients fortunés, en passant par les « spécialités » ou pratiques sado-masochistes. Ni victime d'un milieu dont on connaît la violence, ni machine sexuelle, Aglaé échappe à tous les stéréotypes. Elle est une femme libre. Scandaleuse de liberté.

Histoire d'une vocation

Claude Degliame accueille le public avec un mélange de nonchalance et de solennité. On s'installe sur un des tabourets qui se trouvent au milieu de la salle ou contre un mur, sur une simple planche de bois. Dans un coin, un bar où la comédienne vient régulièrement se servir un verre. Un peu partout, des miroirs qui reflètent sa dégaine garçonne malgré sa courte combinaison noire en dentelle et ses bottines à talon. Lunettes de soleil ornées d'un gros flamant rose et d'un palmier sur le nez, elle entre d'emblée dans le vif du sujet. Elle est Aglaé et dès 12 ans ou peut-être même avant, dit-elle, elle jouait à touche-pipi avec ses frères et leurs amis. Adulte, elle travaille un moment comme caissière en supermarché avant d'opter pour la rue. Définitivement. D'une anecdote à l'autre, la voix rauque de Claude Degliame dessine les contours d'un personnage au langage aussi singulier que son regard sur le monde. 

Déesse des rues

Avec une verve modelée par la rue et les clients, Aglaé a beau énumérer ses exploits passés, elle n'a rien de sadien. Sa parole est d'autant plus subversive. Rebelle à toute convention, elle parle à partir d'un endroit inattendu. Sans misérabilisme. Le temps d'une heure, Jean-Michel Rabeux crée les conditions d'une empathie avec un personnage qui n'est finalement monstrueux que par sa farouche originalité. Son Aglaé a beau être crue, elle est en effet d'une grande tendresse. D'une humanité qui fait confiance à la chair beaucoup plus qu'aux mots. Sans aller jusqu'à idéaliser un milieu dont elle reconnaît la violence et les injustices – elle souhaite notamment la légalisation de la prostitution –, Aglaé ne porte pas pour rien le prénom de la plus jeune des trois Grâces et messagère d'Aphrodite dans la mythologie grecque. Elle rayonne malgré l'âge. Malgré le monde et ses absurdités.

Écrit par
Anaïs Heluin

Infos

Site Web de l'événement
www.theatredurondpoint.fr
Adresse
Prix
31 €
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