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Week-end

  • Cinéma
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Week-end
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

'Greek Pete', le précédent opus de Andrew Haigh (sorti en 2009) n'était pas vraiment le genre de film qu'on attendait de la part de quelqu'un ayant largement participé au montage de 'Shanghai Kid 2' ou 'Hannibal Lecter : les origines du mal'. Son histoire de jeunes prostitués londoniens – avec leur vie amoureuse et sexuelle, leurs relations tendues, leurs ambitions – se situait à mi-chemin entre drame et documentaire, s'appuyant sur la réalité sans pour autant totalement abandonner les ressorts de la fiction.

Avec 'Week-end', Haigh améliore la promesse frustrante mais intrigante de son premier film, racontant une histoire d'amour attachante et émouvante, la tête sur les épaules. Comme son précédent, le film exploite l'une des tendances de la vidéo numérique, brouillant la frontière entre les registres performatifs. Certes, les personnages de 'Week-end' n'ont peut-être pas autant conscience de la caméra que ceux de 'Greek Pete', mais ils explorent tout de même habilement l'idée du jeu au sein de leur interprétation.

L'histoire se déroule sur une période de 48 heures, dans une ville de taille moyenne qui n'est pas nommée dans le film. Dans une boîte un vendredi soir, Russell (Tom Cullen), maître-nageur calme et sincère, fait la rencontre de Glen (Chris New), un artiste en herbe qui n'a pas la langue dans sa poche. Au cours des deux journées suivantes, ils sortent, discutent, mangent, couchent ensemble, font la fête et tombent peut-être même amoureux : une histoire élégante et touchante, l'intensité progressive de cette relation centrale s'exprimant à travers des interprétations puissantes, brillamment rendues par un cadrage intelligent et un montage sobre. L'alchimie entre Cullen et New est crédible, non seulement à travers l'intimité et l'humour dont ils font preuve, mais aussi par la curiosité et la frustration qui les animent. Quant à la mise en scène de Haigh, elle montre l'importance de l'économie et du rythme, témoignant de son goût pour les plans longs et les moments de calme.

Malgré tout son humour, ce n'est pas une rencontre de conte de fées : Russell et Glen passent autant de temps à se dépêtrer des conventions sociales et de leurs comportements stéréotypés qu'à se faire les yeux doux. Sérieuse sans être solennelle, leur rencontre suscite des interrogations sur ce qu'il en résultera, entre droits des homosexuels et interrogation queer. On retrouve ici la trace des défis personnels et intellectuels d'une génération qui, tout en ayant pu triompher dans son combat fondamental pour la reconnaissance juridique, a aussi été témoin de formes plus insidieuses de discrimination. Mais le film dépasse tout cela ; sexy, provocateur, absorbant, parfois irritant, il plaira à quiconque a déjà remis en question ses préjugés ou sa propre identité.

A noter que ce film fait partie de notre collection des meilleurs films d'amour de l'histoire du cinéma : à découvrir ici.

Écrit par Ben Walters / trad. Charlotte Barbe

Détails de la sortie

  • Noté:18
  • Date de sortie:vendredi 4 novembre 2011
  • Durée:96 mins
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