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Gerard Petrus Fieret

  • Art, Photographie
  • 4 sur 5 étoiles
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Lumière sur le génie méconnu de la photographie obsessionnelle.

L’exposition de Gerard Petrus Fieret au BAL est présentée comme la première exposition monographique en France du photographe et poète néerlandais. S’il semble presque impossible de mettre la main sur les textes de l’artiste, ce dernier n’en demeure pas moins un poète de l’image. Car ses photographies, en tant que patchwork chaotique, érodées et morcelées comme avec ardeur, sont difficiles à décrypter une à une, mais forment ensemble un langage assuré et fascinant.

C’est à travers l’unique utilisation d’un noir et blanc saturé à outrance – et même solarisé à la manière de Man Ray – que la frénésie des autoportraits, l’obsession des jambes de femmes, l’accumulation des visages et la fétichisation des gestes se répondent. Ce champ de bataille pensé, parfois proche des œuvres les plus sombres de Cindy Sherman, se peuple de regards de poupons amusés comme d’appareils photographiques de bas étage, apparents dans la main de l’artiste qui se tient devant un miroir. Gerard Petrus Fieret joue le jeu de l’appropriation systématique pour mieux jouer celui de la postérité. Ainsi son nom tamponné ou signé ici et là envahit ses œuvres dans une boulimie créative sans limite – un empire inespéré.

« Je trouve le mot "artiste" trop restrictif », écrit-il.  Le photographe autodidacte laisse donc derrière lui, et au plaisir du visiteur, des œuvres sans ratures, car l’erreur et la bavure sont autant de vies de l’image. Leur taille varie avec la plus grande liberté. Et, innervé par l’idée de répétition, dont ses cahiers témoignent, il s’éprend de la mise en abîme (avant Richard Prince), abîme ses photographies et noie le contexte au profit d’un sourire, d’une cigarette ou d’une ombre, parfois accompagnés d’un dessin incompréhensible.

Il faut dire que la scénographie permet d’embrasser parfaitement la cohérence du travail de celui qui n’a jamais cessé de découper, de dédoubler, de re-photographier et de déshabiller toute forme de hiérarchie. A l’instar de cette jeune fille dont le visage disparaît lorsqu’elle enlève sa robe et dévoile ses bas, Gerard Petrus Fieret dépouille l’objet photographique, qui, mis dans tous ses états, calciné, vieilli, et parfois même oublié, se montre enfin à nous dans un dernier souffle tapageur.  

Écrit par
Lola Levent

Infos

Site Web de l'événement
www.le-bal.fr
Adresse
Prix
6 €
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