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Vasconcelos à Versailles

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Art contemporain, le retour. Dans le sillage de Jeff Koons, Takashi Murakami, Xavier Veilhan et Bernar Venet, Joana Vasconcelos est venue mettre un coup de pied dans les fourmilières cousues d’or du château de Versailles. De la chambre de la reine aux jardins, l’artiste lusophone a saupoudré la demeure des rois d’objets inspirés de la culture populaire et des arts déco portugais, à grand renfort de dentelles, de tissages et d’objets du quotidien. Du fado (musique traditionnelle du cru) à fond les baffles dans le palais de Louis XIV : de quoi scandaliser une fois de plus les puristes, faire débat chez les conservateurs du Patrimoine et infuser un peu de couleurs « sacrilèges » dans la cour de France. D’ailleurs, l’œuvre emblématique de l’artiste, ‘A Noiva’, fameux lustre garni de tampons hygiéniques, n’a pas su gagner son droit d’entrée au château – la faute aux pressions pudibondes des associations bien pensantes de nos prairies versaillaises, et aux commissaires de l’expo, qui y ont cédé. Dommage. Heureusement, le résultat n’en est pas moins spectaculaire pour autant, avec son lot de homards dentelés agrippés à la table des Dauphins, ses immenses espadrilles à base de casseroles postées dans la galerie des Glaces, et ses monumentales pieuvres de bric et de broc suspendues au plafond de la galerie des Batailles, telles des Valkyries revenues des rêves les plus fous de Lewis Carroll pour lutter contre le poids des traditions. Sans oublier le clou du parcours : cet hélicoptère pour souverains, crétin et farfelu à souhait, couvert de plumes roses et de strass. Bonne grosse dose d’ironie et d’anachronisme, qui trône au centre de la salle 1830.

Vasconcelos a donc fait l’effort d’adapter ses œuvres aux lieux (ce qui n’a pas toujours été le cas pour les éditions précédentes de cette manifestation), en y intégrant encore des tapisseries à la française, des pompons, et un hommage aux cheveux des reines qui ont pondu, au fil des siècles, dix-neuf mioches au sang bleu dans le lit régalien. Or, malgré ce souci du détail et toutes ces références bien choisies, l’ensemble relève davantage d’une explosion décorative de dérision que d’un réel dialogue entre création actuelle et patrimoine. Plus qu’une prouesse artistique, le show imposant de Vasconcelos offre surtout l’occasion rêvée de sillonner le château avec un regard neuf : de quoi confirmer l’arrière-goût de provoc’ sans véritable substance que laisse souvent ce cycle annuel d’expositions. Et si vous n’aimez pas l’art contemporain, rassurez-vous, l’artiste n’a fait tomber ni les soieries du XVIIIe, ni les fleurs de lys. Versailles reste Versailles, pour le meilleur et pour le pire.

Infos

Site Web de l'événement
www.chateauversailles.fr
Adresse
Prix
15 €
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