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Masculin / Masculin : l'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours

  • Art, Peinture
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Vous n’avez sûrement pas loupé les affiches de l’expo ‘Masculin / Masculin’. Depuis quelques semaines, elles vous font de l’œil dans le métro, elles vous accrochent le regard au coin d’une rue. Une paire de fesses et un torse. Deux tableaux, deux corps masculins, deux périodes. Pierre & Gilles d’un côté, Jean-Baptiste Frédéric Desmarais de l’autre. Et une accroche : « L’homme nu dans l’art, de 1800 à nos jours ». La messe est dite. Et il y a de quoi éveiller pas mal de fantasmes. Autant sur le plan visuel qu’au niveau des lectures politique, morale, sociale, historique ou érotique qu’offre le sujet.

C’est donc avec pas mal d’attente que l’on se pointe à l’orée de cette vaste jungle de fesses, de sexes et de torses. Le musée d’Orsay opte pour un circuit thématique, transversal. Pas de mise en scène chronologique. On passe de pièce en pièce, tâtant au fur et à mesure différents terrains, animés par une matière artistique foisonnante et disparate. Et c’est aussi jouissif que frustrant. Jouissif, parce qu’il y a énormément de choses à voir. De Gustave Moreau à Ron Mueck, d’Alexandre Falguière à Robert Mapplethorpe, de Pablo Picasso à Lucien Freud en passant par Egon Schiele, Auguste Rodin, Andy Warhol, Koloman Moser, Francis Bacon ou encore Kehinde Wiley. Jouissif toujours, parce que le côté légèrement décalé de l’exposition exalte, parce qu’il est agréable de se laisser aller dans le jeu des mises en perspectives, de se laisser surprendre.

Mais frustrant aussi, parce que parfois, les connexions ne sont pas si évidentes à faire, les œuvres et les thèmes auxquels elles sont rattachées semblent interchangeables et l’on a l’impression de passer à côté du véritable sujet. Certes, les premières salles « L’idéal classique » et « Le nu héroïque » brossent une certaine évolution dans la représentation du nu masculin, mais la volonté du musée de brouiller les époques et les pistes empêche de saisir clairement ces changements de mentalités et d’idéaux. Quant aux espaces consacrés au « Corps dans la douleur » et à la « Vérité toute nue » – de loin les plus réussis –, on finit par y chercher l’essence masculine. Bien que les corps représentés soient masculins, ils semblent parler pour les deux genres.

Et en parlant de genre… Où sont les femmes ? Certes, l’exposition s’intitule ‘Masculin / Masculin’. Mais pourquoi le regard de la femme sur l’homme en est-il complètement banni (mise à part cinq ou six artistes féminines – dont Louise Bourgeois, Nan Goldin ou Zoe Leonard) ? Peut-être faut-il y voir une vraie volonté : celle de se consacrer au regard de l’homme sur l’homme, au désir de l’homme pour l’homme. Malheureusement, les deux dernières parties « La Tentation du mâle » et « L’Objet du désir » arrivent bien tard et paraissent presque vaines. Alors que finalement, n’est-ce pas là que se trouvait le véritable nœud du sujet ?

Pour résumer, ‘Masculin / Masculin’ est loin d’être une mauvaise exposition. On peut lui reprocher de survoler un peu son sujet, d’être peut-être trop ludique – comme si pour plaire au grand public, il fallait éviter de l’assommer avec des considérations historiques ou politiques. Elle remplit son but, celui de mettre à jour la fascination exercée par le corps masculin depuis toujours, et présente une belle sélection d’œuvres. Vous pouvez même y amener vos vieilles cousines bigotes : face à ce beau déballage de virilité, elles risquent de rougir une dizaine de fois, mais pas plus.  

> Horaires : du mardi au dimanche de 9h30 à 18h, nocturne le jeudi jusqu'à 21h45.

Infos

Site Web de l'événement
www.musee-orsay.fr
Adresse
Prix
De 6,50 à 9 €
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