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Matérialité de l'invisible, l'Archéologie des sens

  • Art, Technique mixte
  • 5 sur 5 étoiles
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Fouilles approfondies pour trouver le sens de notre environnement en retirant les couches qui l'enveloppent.

L'exposition ‘Matérialité de l'invisible’, présentée jusqu'au 30 avril, rassemble onze jeunes artistes explorant l'environnement à la manière d'archéologues et retranscrivant leurs recherches sous forme d'œuvres d'art. Des installations, sculptures, dessins ou vidéos qui sont autant de fouilles permettant de rendre compte de l'ampleur de la stratification de ce que l'on voit, et ce en épluchant les différentes alluvions. Ainsi Nathalie Joffre observe minutieusement les gestes des archéologues sur le terrain et en crée une chorégraphie interprétée par des mimes. Miranda Creswell rend, quant à elle, visible l'histoire du parc des Buttes-Chaumont en décortiquant, grâce à ses dessins, les différentes vies qu'elles ont vécues. Tandis que Ronny Trocker sonde le hors-champ d'une photo troublante prise en 2006 sur une plage espagnole.

Une fois encore, cette exposition au 104 est sensorielle, empirique et immersive. On traverse de vastes espaces aux épaisses ténèbres où les plantes nocturnes et les animaux diurnes vivent mystérieusement (‘Mesk-Ellil’ de Hicham Berrada). On parcourt la ‘Réserve’ du duo Agapanthe et ses sculptures de sucre dormant dans le creux de leurs formes taillées précautionneusement. De même, on tend l'oreille pour s'accrocher au récit berçant de l'inventaire du site de Saint-Denis fait par l’archéologue lui-même (‘A Beautiful Town’, Julie Ramage). L'attention s’en trouve grandement sollicitée, le visiteur étant en présence d'un monde indistinct qu'il faut scruter, guetter et apprivoiser. Les travaux artistiques, eux, se révèlent d'une grande finesse et d'une documentation précise, fruits d'une recherche quasi scientifique. Ils mettent aussi leurs spectateurs en contact avec un monde imperceptible, celui du souterrain, du passé humain enseveli mais présent, de la force terrestre et des phénomènes naturels. Troublantes, inquiétantes ou fascinantes, les œuvres se déposent ainsi en chacun comme autant de sédiments infimes mais chargés d'histoires et de sens. 

Vertige de l'invisible soudain rendu matière, l'exposition sous-titrée ‘Archéologie des sens’ nous fait monter à bord d'un bateau qui se serait couché sur le sable sous-marin, dans un temps suspendu et rendu palpable. Atlantide mystérieuse, atteinte l'espace d'un instant, l'exposition ‘Matérialité de l'invisible’ nous entraîne également dans une autre atmosphère, une nébuleuse à l'aura envoûtante. Alors montez à bord, le monde de l'invisible est superbe. Et ne manquez pas les performances des 11 et 12 mars qui promettent encore plus d'expériences étonnantes. 

Écrit par
Elise Boutié

Infos

Site Web de l'événement
www.104.fr
Adresse
Prix
5 €
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