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Parallèles : l’art se détourne à la gare

  • Art, Oeuvres d'art dans l'espace public
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Time Out dit

Ne comptez pas trop sur cette exposition pour vous faire voyager.

Plus besoin d’aller au musée pour voir de l’art. C’est un fait avéré, notamment depuis le 4 mai dernier, date à laquelle les musées de la ville de Paris ont lancé le site parismuseescollections.paris.fr. Une plateforme donnant accès, sans contraintes, à l’ensemble de leurs chefs-d’œuvre (même ceux en réserve !). Une initiative unique en son genre dont on vous parlait ici.
Fort de ce succès numérique, et histoire de marquer le coup d’une rétrospective physique, les musées de la ville de Paris et la SNCF se sont associés pour une expo photo singulière. 

‘Parallèles’ – c’est ainsi qu’elle s’appelle – présente donc la réinterprétation de tableaux de maîtres par une dizaine d’instagrameurs – en d’autres termes, adeptes de l’application photographique Instagram. Un concept amusant, bien que loin d’être innovant, qui donne lieu à de gentilles saynètes et de vraies réussites graphiques. En témoignent le remake de Charles Nègre par @discret et de Modigliani par @pomverte. Ou encore le ‘Portrait de Marie-Emilie Baudoin’ par François Boucher, revu et corrigé par @audrey.pirault. La figure d’une jeune fille délicate tenant un moineau dans sa main devenant, à la sauce parisienne, celle d’une femme dégoûtée de se faire fienter dessus par un gros pigeon. Pas forcément très fin mais drôle au moins…
Toutefois, on expérimente aussi de gros moments de gêne avec la version du ‘Giaour’ de Ary Scheffer de @aaram_anis. Ou avec le nouveau ‘Victor Hugo’ de Léon Bonnat signé @valhery, qui ressemble plus à un condescendant portrait officiel de président qu’à un hommage humoristique.  
Visible à la gare Saint-Lazare du 11 mai au 31 juillet 2016, ‘Parallèles’ offrira donc au voyageur en transit sa dose de culture (et de rire ?) quotidienne. Enfin, s’il n’est pas trop pressé.

Car inviter l’art dans les lieux publics apparaît souvent comme une fausse bonne idée. A l’image du nouvel Espace Musée qui s’inaugurera le 24 mai à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, rendre l’art accessible à tous part d’un louable sentiment. Mais combien de quidams poussant malhabilement leur valise s’arrêteront pour regarder les œuvres accrochées, au risque de rater leur train ou leur avion ? De plus, outre cette contrainte horaire, c’est la géographie de l’espace investi qui pose généralement problème : plafonds hauts, murs étroits voire déjà occupés par la publicité… Difficile de faire de la place à l’art.
Et c’est exactement le point noir de ‘Parallèles’. Faute de déloger les réclames – pollution visuelle qui mériterait pourtant de disparaître –, les photographies ont la dimension de vignettes Panini et se trouvent reléguées au sol. Placées si bas qu’elles ne sont même pas à hauteur d’enfant mais à celle de chien !

Alors un conseil : à moins de passer par la gare Saint-Lazare, ne faites pas un détour pour aller admirer l’exposition ‘Parallèles’. Vous vous déboîteriez les cervicales pour pas grand-chose…         

Écrit par
Clotilde Gaillard

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