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De Watteau à Fragonard : les fêtes galantes

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C'est seulement lorsqu'un peintre du calibre d'Antoine Watteau s'y intéresse que les fêtes galantes finissent par se faire remarquer, dans la France des Lumières. Les fêtes galantes, c'est un art de l'évocation, de la poésie et de la sensualité – comme le rappellera d'ailleurs Verlaine au XIXe siècle en leur consacrant un recueil : « Trompeurs exquis et coquettes charmantes, / Cœurs tendres, mais affranchis du serment, / Nous devisons délicieusement, / Et les amants lutinent les amantes (…) ».

Héritières des pastorales vénitiennes et flamandes qui éclosent au XVIe et XVIIe siècle, ces saynètes représentant des jeunes gens qui se font la cour au cœur d'un paysage bucolique dégagent une légèreté qui les cantonnera aux marges de l'histoire de l'Art avec son grand A. Et c'est paradoxalement la meilleure chose qui leur soit arrivée : genre mineur, elles n'intéressent pas la cour du Roi de France et échappent complètement aux carcans de l'académisme. Trop récent pour ployer sous les codes de la peinture historique ou religieuse notamment, ou pour devoir formuler un propos clair et explicite, ce créneau apparaît finalement comme une bouffée d'air pur auprès des artistes en quête d'innovations.

De ces amourettes au milieu d'une nature luxuriante, Watteau tire des tableaux si marquants que de nombreux peintres lui emboîtent le pas, certains pour le copier, d'autres pour modeler ce genre à leur image. On le voit clairement chez Boucher, qui retourne vers une fantaisie sensuelle et exotique beaucoup plus libérée que dans les portraits que ce Premier prix de l'Académie royale exécute dans sa carrière « officielle ». Mais c'est aussi le cas pour Jean-Baptiste Pater qui glisse vers un érotisme avoué en dévoilant des baigneuses aux cuisses tendres, ou pour Nicolas Lancret qui ôte aux fêtes leur dimension imaginaire pour les inscrire dans la réalité de l'époque à force de détails et de visages connus. Dernier grand peintre à s'intéresser à ce genre un siècle et demi après Watteau, Fragonard déploie son esthétique onirique qui frise parfois l'abstraction sur d'immenses toiles imprégnées de la vivacité et de l'audace de son pinceau.

Parce qu'on assiste trop souvent à des expositions platement chronologiques ou sans réflexion, il convient de féliciter le musée Jacquemart-André, qui propose à travers une soixantaine d'œuvres intelligemment sélectionnées d'explorer autrement l'art des XVIIe et XVIIIe siècles. Du point de vue d'un genre périphérique, mais primordial.

> Horaires : tous les jours y compris les jours fériés de 10h à 18h ; nocturnes le lundi et le samedi jusqu’à 20h30.

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Adresse
Prix
De 10 à 12 €
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