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La Trahison des objets

  • Art, Art contemporain
  • 3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

En ce moment, rue de la Folie Méricourt, les objets n'en font qu'à leur tête. Rien n'est une pipe mais tout en a l'air. A la galerie Sisso, les objets et leurs ersatz s'exposent. Simulacre, illusion, détournement ou ready-made, chaque coin et recoin de la matière solide qu'est une chose objective est scruté, pesé et représenté dans une image, installation ou matière brute. Cinq artistes et deux collectifs étudient la nature de l'inanimé, son fondement, son évolution, son leurre. Pensée par le duo curatorial Homework (Nicolas Blamoutier et Lysandre Enanaa), ‘La Trahison des objets’ joue de l'immobile et des limites du monde sensible.

Simple dans son format, peu foisonnante mais ambitieuse dans son discours, l'exposition tourne autour de son sujet comme un matador autour de la bête trop massive et féroce pour qu’il l’affronte. L'objet comme sujet de création serait-il un oxymore pauvre de sens ? A voir une tôle de voiture négligemment posée par terre, comme se suffisant à elle-même pour raconter son histoire ou interpeller le visiteur, on aurait tendance à dire que l'objet devrait rester à sa place, celle du quotidien.

Néanmoins, quand on se retourne sur les compositions organiques miniatures du duo Evan Gérard et Camille Franch Guerra, écosystèmes inventés et figés dans un temps proche de la décomposition finale, on revoit son jugement. La fascination pour le microscopique y est pour beaucoup, ainsi que l'inexplicable attrait pour la moisissure en action. Mais il y a autre chose, une force qui retient notre regard et nous immobilise devant ces petits bocaux de verre tels des enfants devant une vitrine de Noël. A la manière des Japonais qui reproduisent dans une boîte d'allumettes leurs luxuriants jardins, le couple reconstitue des bribes de repas avec le reste de leurs aliments consommés plus tôt. 
Paysage alimentaire et imaginaire, ces compositions en bocaux retournent aussi bien la chaîne alimentaire que le processus de dégradation naturelle. Mini-pistes de ski, réplique de la forêt amazonienne, terre charbonneuse ou petit verger, chacun y décèle ce qu'il veut, ce que sa mémoire y projette. Œuvres véritablement poétiques et artistiques, ‘Mondeœuvre - Main-d’œuvre’ se révèle une création anamorphique qui prend de court le temps en rendant éternel un état normalement éphémère.

En somme, cette belle installation constitue la réussite de l'exposition, les autres œuvres dénotant à côté d'elle. Dommage que sous la bannière thématique de l'objet se trouvent ainsi rassemblés des travaux qui n'entrent nullement en résonance. Même si cela ne vous empêche pas d'aller vous plonger dans l'univers lilliputien des paysages nourriciers en perpétuelle altération. 

Écrit par
Elise Boutié

Infos

Site Web de l'événement
www.galeriesisso.com
Adresse
Prix
entrée libre
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