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Niki de Saint Phalle

  • Art, Peinture
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

« J’explique exactement les problèmes de la femme aujourd’hui », disait-elle. « Une femme dans la civilisation des hommes, c’est comme un nègre dans la civilisation des Blancs. » Femme des années 1950, 60, 70, 80, 90. Fille de bourges élevée entre Paris et New York. Ex-mannequin pour Vogue. Jolie. Très jolie, même. Violée par son père à l’âge de 11 ans. Mère de deux enfants. Divorcée. Enragée. Artiste. Et surtout, perspicace comme pas deux. Un CV de féministe qui en impose : Niki de Saint Phalle était bien placée pour avoir son mot à dire sur les hommes, le machisme et la condition féminine. Chose que cette autodidacte, engagée et courageuse comme un guerrier Apache, ne se priva pas de faire pendant une bonne cinquantaine d’années, à coups de tirs à la carabine et d’œuvres en papier mâché. « J’avais, sur le plan psychique, tout ce qu’il faut pour devenir une terroriste. Au lieu de cela j’ai utilisé le fusil pour une bonne cause, celle de l’art. » Voilà qui situe, à peu de choses près, le personnage.

Et pourtant l’expression de Niki de Saint Phalle a souvent été réduite, à tort, à son aspect décoratif. Dommage, quand on sait à quel point sa fureur de créer n’avait d’égale que son rejet profond de la société construite par le mâle occidental, alliés à une insoumission touchante. Heureusement, la pantagruélique exposition imaginée par le Grand Palais est loin de s’arrêter à ses ‘Nanas’, ces célèbres sculptures de femmes XXL aux formes généreuses, aux couleurs éclatantes et aux proportions gaiement libérées des canons de beauté. Grossesse, accouchement, mariage, « mères dévorantes », déceptions amoureuses, inceste, violence, revanche et merditude généralisée des choses… Le Grand Palais écume tous les sujets qui fâchent et qui ont servi de moelle épinière à l’œuvre de Niki de Saint Phalle, elle qui, face à l’échec du communisme et du capitalisme, rêvait d’une société matriarcale plus juste et plus humaine (Margaret Thatcher n’était pas encore passée par là).

Armée de son discours parfaitement fignolé (qu’elle prend un malin plaisir à déverser sur les journalistes qui défilent dans son atelier), de son pinceau et de sa carabine, on voit Niki de Saint Phalle tirer sur des poches de peinture pour créer des toiles abstraites, composer des créatures monstrueuses à partir d’objets récupérés, jouer dans son propre long métrage (‘Daddy’), exorciser ses histoires de cœur (et de cul), ou réaliser des ensembles gigantesques sur le modèle du parc Güell de Gaudi. Quelle que soit l’expression qu’elle choisit, elle y injecte de fortes doses d’œstrogène, certes, mais pas seulement. Si la misogynie l'indigne, « la faim », « l’injustice », « le racisme », « le SIDA », « la plupart des politiciens », « le sexisme » et « la saloperie » figurent aussi sur son ‘Mur de la Rage’, ce tableau de chasse qu’elle passera des années à fusiller. Bref, cloisonner la compagne de Jean Tinguely au banc des féministes serait réducteur. Niki de Saint Phalle a toujours zigzagué librement entre le féminisme, l’art brut ou le Nouveau Réalisme. Pour se donner, toute entière, à sa vision très personnelle du monde et de l’art.

> Horaires : tous les jours sauf le mardi de 10h à 22h (fermeture à 20h le dimanche et le lundi).

> Ouverture à partir de 9h pendant les vacances scolaires.

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Adresse
Prix
De 9 à 13 €
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