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  1. '12 O'Clock Boys' (de Lotfy Nathan (Etats-Unis, 2013, 76'))
    de Lotfy Nathan (Etats-Unis, 2013, 76')

    Si la série 'The Wire' a mis Baltimore sur la carte, avec ses corners et son ambiance crépusculaire, Lotfy Nathan dévoile un autre aspect de la ville, jusque-là confiné aux tréfonds de YouTube.

    Roues arrières, debouts sur leurs engins, moteurs vrombissants, figures acrobatiques … les gangs de Dirt Bikers issus des ghettos sillonnent la ville sur leurs motos tout-terrain et leurs quads, dans des virées illégales, spectaculaires et extrêmement dangereuses. Et à ce jeu-là, les 12 O’Clock Boys sont les rois. Guidé par le jeune Pug, qui rêve d’intégrer le gang, le réalisateur a passé trois ans en leur compagnie : virées acrobatiques à travers la ville, poursuites surréalistes avec la police, qui les traque, mais n’a pas le droit d’engager de poursuites en pleine ville. A travers des séquences aériennes, filmées avec une caméra très rapide, où les motards semblent glisser comme en apesanteur, Lotfy Nathan révèle la véritable danse, la parade urbaine à laquelle se livrent les 12 O’Clock Boys.

    Commencé alors qu’il était encore étudiant, et partiellement financé en crowdfunding, le film est aussi un portrait en filigrane des ghettos de Baltimore : comment une pratique incontestablement risquée se révèle une alternative crédible aux multiples tentations d’une ville minée par la drogue et la violence, une des plus pauvres et des plus violentes des Etats-Unis.

  2. 'Teenage' (de Matt Wolf (Etats-Unis, 2013, 78'))
    de Matt Wolf (Etats-Unis, 2013, 78')

    L’apparition de l’adolescence comme catégorie sociologique a longtemps été associée aux utopies des années 1960. Age d'or pour certains, cette décade de clash générationnel aurait – enfin – permis à une classe d'âge de s'émanciper et de se définir (on sait aujourd'hui que l'un des aspects de cette émancipation reposait surtout dans la possibilité d'accéder à la consommation : James Dean a fait beaucoup pour l’industrie du t-shirt). D'autres voix font remonter cette « idée » d’adolescence à la Seconde Guerre mondiale avec l'envoi au casse-pipe de milliers de jeunes gens. En 2007, un essai du journaliste britannique Jon Savage a contribué à bousculer ces hypothèses. 'Teenage : The Creation of Youth Culture' (Viking Books, 2007) démontrait avec brio que les racines de cette « culture jeune » remontent des années 1920 et 30, époques qui comptaient déjà leur lot de hipsters : « Swing Kids », « Sub-Debs », voire « Nazi Youth », autant de communautés fourmillantes qui forgèrent leurs propres codes, looks, musiques, danses. Le film 'Teenage', écrit en collaboration avec Jon Savage, revient sur cette histoire jusque-là très peu documentée, grâce à un brillant montage d’archives, remises en perspective grâce à des séquences de reconstitution et une musique de Bradford Cox (Deerhunter). Après son film consacré à Arthur Russell ('Wild Combination', 2008), Matt Wolf confirme ici son talent pour extraire d’un passé qu’on croit désormais bien balisé des nouvelles lignes de force.

  3. 'Big Star : Nothing Can...' (de Drew DeNicola et Olivia Mori (Etats-Unis, 2012, 113’))
    de Drew DeNicola et Olivia Mori (Etats-Unis, 2012, 113’)

    Sur la pochette du premier album de Big Star (1971) – le groupe d’Alex Chilton et de Chris Bell –, une grande étoile mange le mot « Big ». Rêve de succès ou ironie – par anticipation – de la part d'un groupe qui n'aura rencontré au final que frustrations et galères ? Rien ne peut en effet vraiment ébranler celui (Alex Chilton) qui passa en quelques années du statut d'enfant-star à celui de tricard numéro 1 aux yeux de l'industrie du disque. Ce film aux archives exceptionnelles se propose de retracer cette histoire très américaine. Au départ, Alex Chilton, né à Memphis, est le chanteur des Box Tops, qui connurent plusieurs hits dont l’inoxydable "The Letter" (1967). Succès, tournée avec les Beach Boys, grandes étoiles dans les yeux. Mais très vite, Chilton veut écrire et composer ses propres morceaux. Les Box Tops se séparent et il retrouve son complice Chris Bell, avec qui il fonde Big Star (le nom d'une chaîne de supermarchés). C’est le début de la fin. Le groupe, en dépit de trois albums à la beauté fulgurante qui réinventent la pop en lui injectant du « power » plus très « flower », ne rencontre aucun succès. Séparation, carrière solo, Chilton s’installe à NYC. Il produit les Cramps, joue avec Tav Falco mais l’étoile faiblit, puis devient poussière. “You Get What You Deserve”, disait la chanson.

  4. 'Very Extremely Dangerous' (de Paul Duane (Irlande, 2012, 85'))
    de Paul Duane (Irlande, 2012, 85')

    En 1974, Jerry McGill fait une apparition remarquée dans le film de William Eggleston sur les nuits de Memphis, 'Stranded in Canton' : lunettes noires et revolver à la main, menaçant et séduisant à la fois, dégageant une aura de danger et de séduction qui ne le quittera jamais. Auteur d’un unique single sur Sun Records en 1959, Jerry McGill a rapidement embrassé une carrière criminelle chargée : possession d’armes, attaques à mains armées, tentatives de meurtres…

    A sa énième sortie de prison, malade, McGill décide d’enregistrer une suite à son unique 45-tours. Mais rien ne se passe comme prévu avec Jerry McGill – ou plutôt si, tout part systématiquement de travers, et c’est comme ça qu’il mène sa vie depuis des décennies. Le réalisateur Paul Duane se retrouve emporté dans une épopée chaotique, à la fois drôle et effrayante, à la suite d’un Jerry McGill que les nombreuses années de prison et la maladie n’ont pas assagi, loin de là. Amphétamines, armes à feu, guitare sèche, chambres de motel miteuses… La panoplie complète de l’outlaw est toujours d’actualité.

    Paul Duane, réalisateur expérimenté, lutte avec sa fascination et un malaise grandissant au fur et à mesure qu’il suit McGill – où s’arrêter quand on est face à un tel personnage ? D’Asil Hadkins à Jesco White, dans la lignée des grands outlaws white trash de la musique US, Paul Duane trace un portrait sans concession de ce personnage flamboyant et charismatique, dangereux pour quiconque s’approche de lui.

  5. 'Le Projet Sextoy' (d'Anastasia Mordin et Lidia Terki (France, 2013, 75’))
    d'Anastasia Mordin et Lidia Terki (France, 2013, 75’)

    Paris, fin des années 1990. La French Touch règne et sa house filtrée promet des rêveries de satin et de piscine. Une vie en couleurs. Fake. Eté 1997, contrechamp brutal, le Pulp s’incruste sur les Grands Boulevards. Endroit déglingue et riquiqui pour joyeuse troupe bien résolue à faire valser les étiquettes et qui déclare ouvert le mélange de tous les genres. Rock et beats, moiteur et mixité à tous les étages (surtout le jeudi). Ni une ni deux, le Pulp lance une génération d'artistes : DJ Chloé, Ivan Smagghe, Jennifer Cardini, Arnaud Rebotini, les soirées Kill The DJ et bien d'autres feux de joie. Une figure émerge, tout à la fois gracile et de fer, mutine et réservée, une Pascale Ogier des platines. Elle, c'est Delphine Palatsi, l'une des premières DJ parisiennes à se faire une place au sein d’une corporation plutôt testostéronée. Anastasia Mordin et Lidia Terki ont filmé au gré des années et des techniques d'enregistrement vidéo, le quotidien de Delphine, dont elles étaient intimes, alors qu’elle sculpte peu à peu son avatar bowien : Sextoy naît peu à peu sous nos yeux. Ce film – le premier volet d’un diptyque – est un puzzle documentaire aux images brutes et délicates à la fois. Le portrait d'une fille pleine de gouaille qui ne refusait aucun excès. Une étude des ombres et des lumières d'un personnage au moment où il accède à la notoriété, sans avoir le temps d’y goûter vraiment.

  6. 'What the Fuck Am I...' (de Julien Fezans et Nicolas Peltier (France, 2012, 53'))
    de Julien Fezans et Nicolas Peltier (France, 2012, 53')

    Attention, noir soleil. Matt Elliott, bien connu pour ses travaux dark drum’n’bass sous l’étendard The Third Eye Foundation se prête ici au jeu de la confession face aux caméras de Nico Peltier et Julien Fezans, qui l’ont suivi en studio et en tournée. Après ses années de fièvre, le Britannique opte désormais pour les volutes torturées, qui unissent l’homme et la machine, le souffle à la texture électronique. Epousant presque amoureusement l’univers du musicien, ce film très tenu parvient à retranscrire une vérité rarement dévoilée : le secret de la création. Rien que cela. A cet effet, il entrelace des séquences strictement musicales, magnifiées par un noir et blanc qui ne la ramène jamais et la parole d’un Matt Elliott à nu. Que devient un artiste après avoir connu le succès ? Quelle relation entretient-il avec sa musique, qui est aussi son travail ? Laborieux et routinier, le métier d'en-chanteur demeure sur le fil de la création pure et de l'abattage quotidien. On découvre aussi un Matt Elliott citoyen disert, comme sorti d’une dépression pas strictement musicale. Car d'un champ de bataille il est en effet question tout au long de ce film : celui du labeur sans cesse reconduit, jusqu'à la grâce, ce fil qui unit la vie et la musique.

  7. 'Naked Opera' (de Angela Christlieb (Allemagne, 2013, 81'))
    de Angela Christlieb (Allemagne, 2013, 81')

    Marc Rollinger est luxembourgeois, homosexuel, gravement malade et extrêmement riche. C'est également un amoureux fou du 'Don Giovanni' de Mozart, dont il suit les représentations à travers toute l’Europe. Venise, Vienne, Berlin… accompagné d’escort boys aux corps d’apollons, reflets cruels de son propre corps diminué et fragilisé, c'est l’amour faux, la solitude de l’esthète, dans un monde trop maîtrisé, à l’organisation trop parfaite. Lucide et brillant, maniant un humour froid et direct, control freak maniaque, il tente bien évidemment de prendre le contrôle du film – de transformer ce portrait en auto-portrait. La documentariste Angela Christlieb développe alors un troublant jeu de miroirs : reflets, transparences, illusions, jeux de dupe… réfléchis et déformés par les dorures des palais, les baies vitrées et les bulles de champagne. Sa liaison avec Jordan Fox, acteur star du porno gay, vient bouleverser Marc et le film, nous entraînant de l’opéra au Kit-Kat club de Berlin. Epousant la trame de l’opéra dans la version filmée de Joseph Losey, 'Naked Opera' est un film étrange et irréel, un objet documentaire aussi insaisissable que son principal protagoniste. Un portrait en forme de traversée du miroir.

    Déconseillé aux moins de 16 ans.

  8. '9 Muses of Star Empire' (de Hark-Joon Lee (République de Corée, 2012, 82’))
    de Hark-Joon Lee (République de Corée, 2012, 82’)

    La K Pop – la pop coréenne – fait miroiter un glamour souvent aseptisé, peuplé de créatures irréelles, presque inhumaines. Durant un an, le réalisateur coréen Hark-Jon Lee s’est immergé dans les coulisses de Star Empire Entertainment – agence coréenne de seconde division – qui s’apprête enfin à lancer son nouveau groupe : 9 Muses.

    Dans un tourbillon de répétitions, de chorégraphies, d’enregistrements, de séances photo, de tournages de clips et de plateaux télé, les 9 filles sont soumises à un entraînement quasi militaire : humiliations, séances d’auto-critique, trahisons, conflits d’ego… Encore loin du star-system, c'est la laborieuse fabrication d’un groupe parmi tant d’autres – des filles recrutées sur casting, que rien ne relie entre elles si ce n’est leur rêve de lumière et de paillettes. Musique, paroles, coiffures, longueur des mini-jupes… les filles n’ont pas voix au chapitre. Il s’agit de se conformer au plan de Star Empire, et de devenir les 9 Muses, coûte que coûte, dans une recherche déshumanisante de la perfection. Embarqué au cœur de l’action en tant que manager, Hark-Joon Lee porte un regard bienveillant, et cherche ce qu’il y a d’humain, trop humain, de nécessairement imparfait dans cette machine pas si bien huilée. Et s’attache à ses personnages, ces 9 Muses tour à tour pestes, poupées de cire, ou baby-dolls blessées dont on tire les fils sans ménagement.

  9. 'Silk' (de Benjamin Shearn (Etats-Unis, 2013, 92'))
    de Benjamin Shearn (Etats-Unis, 2013, 92')

    100 % Silk est un label situé à Los Angeles, nouvel épicentre mondial de la musique à danser. Fondé et animé par Amanda Brown, déjà responsable du label Not Not Fun Records et tigresse en chef au sein de son propre groupe, L.A. Vampires, cette petite structure est un laboratoire du cool. Prolifique (plus de 60 albums publiés en trois années d'existence) et riche en collaborations, 100 % Silk remet au goût du jour un esprit d’indépendance, frondeur et connecté. Ce film de Benjamin Shearn, jeune réalisateur passé par le clip, suit la tournée de quatre artistes du label : L.A. Vampires (techno-pop vaporeuse), Ital (house tordue), Magic Touch (clubbing résolu) et Maria Minerva (pin-up pop perchée sur son nuage). 'Silk' est la chronique de ce périple à travers la branchitude mondialisée : Hambourg, Paris, Moscou, Bristol, Berlin, Copenhague, Barcelone, festivals, clubs étriqués, scènes montées à la va-vite. Mais ce film est autre chose qu’un simple carnet de bord. Très inspiré par la scène voguing, Benjamin Shearn injecte une grâce en suspens, ultra contemporaine, en organisant des allers-retours entre ces artistes en goguette et de très belles séquences réalisées avec la Los Angeles Contemporary Dance Company. Un parti pris qui épouse l’énergie de cette communauté d’artistes rêveurs mais sans complexes.

  10. 'Danger Dave' (de Philippe Petit (France, 2013, 86'))
    de Philippe Petit (France, 2013, 86')

    Danger Dave ou les tribulations d'un drôle d'oiseau, skateur professionnel en fin de carrière. Cinq années durant, le réalisateur a accompagné David Martelleur entre deux fêtes, deux hôtels, deux trains (qu'il rate souvent), deux contests. Le projet au départ est de disséquer le passage parfois longuet qui mène de l'adolescence à l'âge adulte. Un état interminable que la pratique du skate semble particulièrement favoriser puisque notre anti-héros belge ne cherche à aucun moment à travestir ce qu'il est : un « kidult » ronchonnant – et parfois solaire – qui apprend à grandir, sous nos yeux, à la mesure des nombreux coups qu'il reçoit. Danger Dave suit Martelleur dans son tour du monde en 80 kickflips et autant de fiestas et de plans foireux. De l'Oregon à la Thaïlande, de Paris à Bruxelles, le film réussit à maintenir une tension narrative, en dépit d'une esthétique du fragment et de l'accident soutenue par la musique de M83. Il s'agit ici de questionner la relation que le filmeur entretient avec le filmé, et les tactiques mises en œuvre pour restituer les complexités d'un personnage qui pourrait s'affaisser à tout instant. Mais qui reste animé par une étonnante force vitale. Jusqu'à l'absurde.

Film & Music Experience

A la Gaîté Lyrique, du 13 au 16 mars

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Du 13 au 16 mars, la Gaîté Lyrique explore les liens entre cinéma, musique et cultures urbaines, à travers des films croisant l'underground et le mainstream, les rockeurs de Big Star, DJ Sextoy, des gangs de dirt-bikers à Baltimore ou des vedettes de pop coréenne. La majeure partie des films se verra d'ailleurs projetée en présence de leurs réalisateurs, ou occasionneront des rencontres autour de la culture jeune (en compagnie de Jon Savage), des musiques noires contemporaines ou des recettes miracles pour composer un tube.

A noter également, en marge des films en compétitions, le documentaire 'You're Gonna Miss Me', portrait intime et cinglé de Roky Erickson, l'ancien leader des psychédéliques 13th Floor Elevator. Ainsi qu'une réjouissante soirée d'ouverture, où le trio Zombie Zombie jouera en live la BO qu'il a composée pour le film de Narimane Mari, 'Bloody Beans (Loubia Hamra)' pendant sa projection. Enfin, la séance de clôture se fera avec un documentaire rare et méconnu de Claire Denis, qui est aussi l'un de ses premiers films : 'Man No Run', portrait du groupe camerounais les Têtes Brûlées.

Plus de détails (horaires et séances) sur le site officiel de la Gaîté Lyrique.

Présentations et bandes annonces des films en compétition (cliquer sur l'image pour activer le diaporama)

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