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Guide du film de science-fiction : n°50 à 41

Les 50 meilleurs films de science-fiction

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Donnie Darko (2001)

Film de science-fiction de Richard Kelly, avec Jake Gyllenhaal, Jena Malone et James Duval

La grande idée : le voyage dans le temps ou dans des dimensions parallèles, ce n’est finalement qu’un simple aspect de l’adolescence.

La réplique : « C’est quoi, ce putain de nom ? T’es un super-héros ou un truc dans le genre ? »

Bah, t’en fais une tête, mon lapin
‘Donnie Darko’ est certainement l’un des teen-movies les plus détraqués du genre. Parfois, on se dit même que c’est un peu comme si David Lynch racontait ici ses souvenirs de lycée. Donnie Darko (Jake Gyllenhaal, mémorable à 21 ans) est un garçon un peu renfermé, pas hyper à l’aise. Mais tout n’est pas perdu : son amie Gretchen accepte de sortir avec lui. Jusqu’ici, rien de plus banal. Mais Donnie a aussi un autre pote, un inquiétant lapin géant et pousse-au-crime, à la face recouverte d’un masque assez effrayant. Sinon, il faut savoir que des moteurs d’avion ont tendance à s’écraser dans la chambre que Donnie occupe chez ses parents. Et que cette fête d’Halloween à venir le rend de plus en plus anxieux… Un premier film vénéneux et inattendu  qui aura très vite su conquérir de nombreux fidèles.

Je t'aime, je t'aime (1968)

Film de science-fiction d'Alain Resnais, avec Claude Rich et Anouk Ferjac

La grande idée : déguiser une histoire d'amour intemporelle en voyage dans le temps.

La réplique : « Et maintenant je suis mort. J'ai froid. J'entends mes mots. »

La recherche du temps perdu
A priori, ‘Je t’aime, je t’aime’ est un film de science-fiction : le héros, Claude Ridder, sert de cobaye à des scientifiques qui ont inventé une machine permettant de remonter le temps pendant une minute. Mais c’est en réalité à un voyage passionnant à travers la mémoire du personnage que nous invite Alain Resnais. Car l’expérience tourne mal : Claude semble se cramponner au passé et reste prisonnier de la machine, qui fait surgir des souvenirs aléatoires en pagaille. Comme les morceaux fragmentés d’un puzzle recomposés peu à peu, l’histoire d’amour entre Claude et Catrine renaît alors sous nos yeux. D’abord heureuse, l’idylle laisse vite place à une tragédie que le montage échevelé du cinéaste installe par à-coups, par va-et-vient successifs dans la vie et les rêves du personnage joué par Claude Rich. Avec ‘Je t’aime, je t’aime’, Alain Resnais invente en fait une mise en scène participative, il compte sur l’intelligence et la mémoire du spectateur pour reconstituer le film, de la même manière que le cerveau humain sait lire un mot dans le désordre à condition que les première et dernière lettres soient les bonnes. Ce procédé habile permet à Resnais de détruire les codes classiques de la narration et de peindre à la place un tableau impressionniste et poétique. Hélas, le film connaîtra un échec commercial dû à des circonstances défavorables. Sélectionné à Cannes en 1968, il ne pourra pas être projeté à cause de l’annulation du festival, puis sa sortie en salles coïncidera avec les événements de mai 68. Il faudra donc attendre plusieurs années avant qu’il ne devienne culte.

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Ghost in the Shell (1995)
  • Cinéma
  • Film d'animation

Film de science-fiction de Mamoru Oshii (animation)

La grande idée : le cyborg, nouvelle étape de l’évolution ?

La réplique : « Récemment encore, nous étions de la science-fiction. »

Metropolice
Avec ‘Ghost in the Shell’, la fascination typiquement japonaise pour la technologie trouve une manifestation inédite. Si ‘Akira’ (1988), ‘Jin-Roh’ (1999) ou encore ‘Perfect Blue’ (1999), autres chefs-d’œuvre de l’anime, se font eux aussi l’écho des possibles dérives (politiques, humaines ou sociales) de nos sociétés dans le futur, le film de Mamoru Oshii adapte un scénario plus ambitieux encore, en gardant la même exigence visuelle (nombreux détails, décors somptueux, etc.). Adapté du manga de Masamune Shirow, ‘Ghost’ met en perspective l’histoire de l’humanité et son futur, à travers le personnage d’une flic cyborg, l’agent Kusanagi. Aussi compétente que mystérieuse (voire inquiétante), elle constitue la preuve qu’un cyborg peut tout à fait s’intégrer à une société humaine, qui tend d’ailleurs massivement vers la cybernétique (cyborgs donc, mais également êtres humains augmentés ou encore hackers « incarnés »). Les choses se compliquent quand elle est chargée d’arrêter un hacker expérimenté, le Puppet Master, impliqué dans une affaire d’espionnage politique qui la poussera à remettre en cause sa part d’humanité. Un peu comme le spectateur, confronté à des questions existentielles : qu’est-ce qui, au fond, fait de nous des humains ? Nos gènes, notre mémoire, nos caractéristiques physiques ? Et quel sera le prochain stade de l’évolution sur Terre ? Après les animaux, après les êtres humains : les cyborgs ? Autant de questions qu’évidemment le film ne résout pas, ouvrant au contraire sur un deuxième épisode (2004) tout aussi réussi.

Alphaville (1965)
  • Cinéma

Film de science-fiction de Jean-Luc Godard, avec Eddie Constantine et Anna Karina

La grande idée : une cité futuriste où la liberté individuelle est déclarée hors-la-loi.

La réplique : « Plus personne ne se souvient du sens du mot "conscience". »

Une ville sans pitié
Parsemant ses dialogues de citations plus ou moins cachées de Borges, Orwell, Bergson, Nietzsche ou Eluard, Godard n’en oublie pas pour autant ici de jouer avec les codes des pulp novels ou du roman noir, plongeant le personnage de l’espion Lemmy Caution (Eddie Constantine) dans une sombre fantaisie narrative, où le super-ordinateur Alpha 60 contrôle chaque aspect d'Alphaville. Surtout, le film conserve un charme très particulier, dû à son mélange d’un humour souvent extravagant, absurde, et d’un profond sérieux sous-jacent lorsqu’il fait le lien entre la brutalité du fascisme et la logique inhumaine des machines. Enfin, dans un espace où la folie des sentiments devient une condamnation à mort, qui mieux que l’espiègle Anna Karina pourrait nous faire croire que le jeu en vaut pourtant la chandelle ?

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Into Eternity (2010)

Film de science-fiction de Michael Madsen (documentaire)

La grande idée : la réalité rejoint parfois la (science-)fiction.

La réplique : « Faites-vous confiance aux générations futures ? »

Underground opera
A l’image de son sujet, ‘Into Eternity’ est une entreprise qui n’a pas de précédent, et pas d’équivalent à l’heure actuelle. Premier documentaire de SF, le film de Michael Madsen explore la délicate question du traitement des déchets nucléaires et de ses implications, en prenant pour cas pratique un site d’enfouissement en cours de construction. Après le space opera, voici l’underground opera. Quelque part en Finlande, une équipe de spécialistes travaille sur un tunnel géant – la solution la plus fiable à l’heure actuelle pour stocker ce type de déchet –, qui sera ensuite muré et devra permettre d’éviter tout danger durant 100 000 ans. Oui mais voilà, comment imaginer ce que sera la Terre alors, et qui la peuplera ? Faut-il laisser des messages (des « markers ») pour que les générations futures ne rouvrent jamais le site – comme sur les tombeaux des pharaons, pourtant visités ? Autant de questions que ce documentaire soulève, et pose directement aux scientifiques ayant élaboré ce projet. Plus qu’un simple film sur un sujet de société, ‘Into Eternity’ met en perspective notre rapport à l’espace où nous vivons, ainsi que notre responsabilité vis-à-vis des générations futures (tout en s’adressant directement à celles-ci). Superbement réalisé, avec notamment des plans fixes impressionnants sur des détails du tunnel ou la nature, un dispositif d’interview simple et un souci constant pour la bande-son, ce documentaire est bien loin de ce que vous pourrez voir ailleurs sur le sujet. Ici pas d’alarmisme ni de défaitisme, simplement des interrogations justes et souvent sidérantes. Le site d’Onkalo (la « cachette » en finnois) sera achevé au XXIIe siècle. D’ici là, l’être humain a encore du temps pour se poser les bonnes questions, et penser à son avenir sur Terre.​

Minority Report (2002)
  • Cinéma
  • Action & aventure

Film de science-fiction de Steven Spielberg, avec Tom Cruise, Colin Farrell, Max von Sydow et Samantha Morton

La grande idée : l’intention de tuer vaut le crime.

La réplique : « Vous êtes en état d’arrestation pour le futur meurtre de Sarah Marks. »

Karma police
Aux côtés de ‘Blade Runner’ (1982) et ‘A Scanner Darkly’ (2005), ‘Minority Report’ fait partie des adaptations réussies du pape de la SF Philip K. Dick. Poussée paranoïaque autant qu’œuvre visionnaire (ou simplement clairvoyante), la nouvelle de l’écrivain américain investit la police de pouvoirs bien supérieurs à ce qu’on connaît sous nos latitudes – mais pas si éloignés de ce que peuvent pratiquer des gouvernements totalitaires, à l’est de l’Europe par exemple. L’unité d’élite Pre-Crime se voit ainsi chargée, après signalement par l’équipe de pré-cognitifs prédisant le futur, d’appréhender des suspects avant même qu’ils ne commettent un crime. Jusqu’au jour où l’agent Pre-Crime John Anderton (Tom Cruise) est lui-même inculpé et recherché. Un rebondissement classique de la SF – le personnage soumis au système qui en vient à le remettre en cause, et à lutter contre celui-ci –, mené par un Steven Spielberg en grande forme. Tout y est : équipements techno inventifs, fond de mysticisme, questionnements moraux et scènes d’action savamment dosées. Même si Dick aurait certainement eu à y redire, le rôle de John Anderton semble parfaitement taillé pour le plus célèbre des scientologues, d’ailleurs revenu au genre depuis, avec ‘Oblivion’ et ‘La Guerre des mondes’. Un "classique moderne" du genre, donc.

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La Planète sauvage (1973)

Film de science-fiction de René Laloux (animation)

La grande idée : un film d'animation en forme de conte philosophique pour dénoncer la domination, la guerre et le colonialisme.

La réplique : « Ni les Ohms ni les Draggs ne veulent se détruire. Nous devons faire la paix d'une manière ou d'une autre. »

Les extraterrestres géants et les petits hommes pas verts du tout
'La Planète sauvage' s'inspire librement d'un roman de science-fiction de Stefan Wul, 'Oms en série', où les humains se voient renvoyés au rang d'animaux domestiques pour des géants d'une lointaine planète, les Draags. Variation sur Gulliver à partir d'un scénario de Laloux coécrit avec Roland Topor (également à l'origine des dessins, animés selon la technique des papiers découpés), 'La Planète sauvage' obtint le prix spécial du Jury au Festival de Cannes 1973. Ovni d'animation d'une poésie toute seventies, le film pourra d'ailleurs être rapproché du long métrage suivant de René Laloux, 'Les Maîtres du temps' (1981), dessiné par Moebius sur des dialogues de Jean-Patrick Manchette. Une bien belle étrangeté à redécouvrir.

Le Congrès (2013)
  • Cinéma
  • Film d'animation

Film de science-fiction d'Ari Folman, avec Robin Wright, Harvey Keitel et Jon Hamm

La grande idée : cryogéniser Robin Wright pour un film d'animation délirant.

La réplique : « Quatre cafards qui jouent au poker sur tes genoux, c'est une blague ? »

Satire engagée ou « bad trip sous acide » ?
Difficile de qualifier – et d’évaluer – ‘Le Congrès’, tant il s’éloigne de tout ce que l’on a déjà pu voir au cinéma. Dès le générique d’ouverture, la couleur est annoncée : ce ne sera pas « Robin Wright, dans ‘Le Congrès’ », mais « Robin Wright, au Congrès ». Car le nouveau projet d’Ari Folman, auteur de ‘Valse avec Bachir’, est moins un film qu’une expérience sensorielle farfelue et hautement déconcertante. Un produit hybride. D’un côté, un méta-film sur la mort du cinéma tel qu’on le connaît, au profit de la numérisation à tout-va (3D, capture de mouvements et autres horreurs technologiques). De l’autre, l’adaptation d’un bouquin sci-fi des années 1970, ‘Le Congrès de futurologie’ de Stanislas Lem. La première partie, en prise de vue réelle, est magistrale. Elle s’ouvre sur le visage de Robin Wright (dans son propre rôle), en pleurs, alors que son agent (Harvey Keitel) lui fait la leçon : mecs foireux, films foireux... A 47 ans, sa carrière est au point mort. Il ne lui reste donc qu’une solution : laisser une société de production « scanner » son corps, son visage, ses émotions, pour en faire un produit numérisé capable de jouer à sa place dans n’importe quel film. La vraie Robin, elle, cesserait d’être actrice... Puis le film bascule dans un monde futuriste, où les dessins animés ont remplacé la réalité, et où les stars d’Hollywood peuvent être consommées en milkshake ou en smoothie.

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  • Cinéma
  • Comédie

Film de science-fiction de Luc Besson, avec Bruce Willis, Milla Jovovich et Gary Oldman

La grande idée : la SF, ça peut aussi être sexy et drôle.

La réplique : « Je n’ai pas été conçue pour aimer, mais pour protéger la vie. »

Le futur a les cheveux oranges
Rares, très rares sont les films de Luc Besson que l’on a pu regarder plusieurs fois avec le même plaisir. Il en va ainsi du ‘Cinquième Elément’ (1997), l’un des seuls longs métrages de SF français à intégrer ce classement. Et pour cause : si avec celui-ci se clôt une période pour le réalisateur (à la filmographie jusqu’alors respectable), il s’ouvre également des possibilités pour le cinéma hexagonal, et des brèches dans pas mal de cerveaux de jeunes spectateurs. En ce sens, ‘Le Cinquième Elément’ a tout d’un film générationnel, qui ne traversera sûrement pas aussi bien le temps que ‘2001’ ou ‘Stalker’, mais aura au moins eu le mérite de rendre la SF accessible à tous sans la dévoyer. Du grand public donc (d’où sans doute le scénario mince), qui s’autorise tout de même un univers riche et inventif, empruntant autant à ‘Blade Runner’ qu’à ‘L’Incal’. Si le film a effectivement vieilli, le casting garde le charme des grosses productions des nineties : Bruce Willis en blond peroxydé et désabusé (comme d’hab), Gary Oldman l’éternel méchant, Chris Tucker en présentateur barré, Tricky jouant au bad guy et même Maïwenn dans le rôle d’une diva extraterrestre (si si) – sans oublier Jean-Paul Gaultier aux costumes et Eric Serra à la composition musicale. Nostalgie du futur, quand tu nous tiens.​

Le Monde sur le fil (1973)

Film de science-fiction de Rainer Werner Fassbinder, avec Klaus Löwitsch et Barbara Valentin

La grande idée : des années avant ‘Matrix’ et ‘Second Life’, un cinéaste allemand novateur explore l’idée d’un ordinateur simulant la réalité.

La réplique : « - Est-il vrai que vous avez créé un monde artificiel ? - "Monde", c'est une exagération. »

404 – Seite Nicht Gefunden !
Pour le maestro de la Nouvelle Vague allemande, Rainer Werner Fassbinder, 'World on a Wire' restera sa seule et unique réalisation dans le domaine de la science-fiction. Dommage, car, comme attendu, le résultat est épique, riche et élaboré, quoique le film et son héros (proche du Jack Nicholson de 'Chinatown', si celui-ci avait échangé ses costumes clairs pour un casque de cosmonaute connecté à un réseau d’ordinateurs) n’eurent vraiment pas le destin mérité. Seulement diffusé à la télévision en trois parties, le film restera pendant 27 ans, tel 'La Maman et la Putain' d’Eustache, comme une œuvre sur laquelle mettre la main était presque impossible. Adapté librement de la nouvelle de science-fiction écrite par Daniel F. Galouve en 1964, 'Simulacron-3', ce chef-d’œuvre enfin restauré en 2010 préfigure tout ce qui jouera avec le concept de réalité, du récent 'Inception' au plus ancien 'Le Cobaye' (sorti en 1992), avec peu de moyens, mais beaucoup d’imagination et de style. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de style.

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