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Gabrielle d'Estrées et une de ses soeurs
© 2017 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec

Les œuvres les plus sexy de Paris pour avoir chaud au musée

Et si, pour épater votre date, vous zappiez l’étape bar et que vous sautiez directement à la case musée ?

Zoé Terouinard
Écrit par
Zoé Terouinard
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Si on met de côté l’aspect intello d’une sortie au Louvre qui émoustille quelques sapiosexuel(le)s, la balade au musée peut devenir une sortie aussi érotique qu’un musardage dans un shop de Pigalle. Culs en marbre et tétons à l’acrylique s’avèrent aussi aphrodisiaques qu’un cocktail au gingembre, et nous prouvent que d’une expo à une sexe-po, il n’y a qu’un pas. Qu’on franchit avec ce petit tour d’horizon en 14 œuvres majeures.

Les œuvres les plus sexy de Paris pour avoir chaud au musée

Musée d'Orsay - L'Origine du monde (Gustave Courbet, 1866)
Photograph: RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski Gustave Courbet, 'L'Origine du monde', 1866

Musée d'Orsay - L'Origine du monde (Gustave Courbet, 1866)

Impossible de commencer ce dossier sans évoquer l'œuvre la plus chaude de Paris. L’Origine du monde nous présente un sexe de femme en gros plan, bien frontal. Le titre provocateur (mais finaud) nous rappelle que notre monde a commencé en passant par là. Avant d’atterrir à Orsay, L’Origine du monde se passe sous le manteau et son acheteur, Khalil-Bey, un diplomate turco-égyptien, a été bien clair : personne ne doit entendre parler de cette peinture. Elle reste d’ailleurs accrochée dans sa salle de bains cachée derrière un rideau, et dévoilée seulement à ses proches. Ruiné, le petit coquin doit s’en séparer et elle transite de main en main pendant 122 ans – le psychanalyste Jacques Lacan l’aurait cachée derrière un paysage signé André Masson après son acquisition en 1955.

Plus d’un siècle et demi après sa création, L’Origine du monde est toujours considérée comme l’une des toiles les plus scandaleuses de l’histoire. Son format grandeur nature et l’anonymat de son modèle rompent avec les corps plus prudes de Manet (qui font pourtant déjà grincer des dents). La femme nue au corps tronqué, lascivement enveloppé d’un drap blanc virginal, fascine autant qu’elle gêne. S’agit-il d’une scène post-coïtale ? D’une femme endormie peinte à son insu ? Est-elle mère ou putain ? Un peu des deux ? Le scandale ne s’est pas éteint avec les années. Car même dans une époque bombardée d’images pornographiques, L’Origine du monde fait toujours l’objet de censures régulières. En 1994, des policiers retirent carrément des bacs de certaines librairies les Adorations perpétuelles de Jacques Henric avec le tableau de Courbet en couverture. En 2011, deux comptes Facebook sautent après avoir posté une image de l’œuvre. Pas de doute, l'œuvre dérange, même aujourd’hui.

Musée d’Orsay - Olympia (Edouard Manet, 1865)
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Musée d’Orsay - Olympia (Edouard Manet, 1865)

Au premier abord, rien de neuf sous le soleil : une femme dénudée, posant lascivement sur d’épais coussins de soie. D’autant que l'œuvre de Manet semble reprendre tous les codes du Titien et de sa Vénus d'Urbin réalisée en 1538. Si on regarde de plus près, chez Manet, le modèle n’est pas entièrement nu. Elle porte des bijoux et des mules à talons. Son regard frontal et assuré n’est pas celui d’une Vénus innocente, et son menton haut et fier semble même un brin provoc. Alors que, chez Titien, la servante de Vénus s'affaire à l’arrière, celle de Manet offre des fleurs au modèle. Tout porte à croire qu’il ne s’agit pas d’une déesse, prétexte facile du nu pour ses congénères. Mais alors, qui est-elle ?

L’Olympia dépeinte ici est une prostituée du nom de Victorine Meurent. A la lumière de ces éléments, tout devient évident : le petit chat noir est une allusion directe au sexe féminin, et le bouquet est sans aucun doute le cadeau d’un amant. Mais croyez-le ou non, ce qui a surtout choqué, ce sont les contrastes et la peau d’une blancheur éclatante du modèle, qui annonce une nouvelle tendance : le réalisme. La prostituée n’est plus déguisée en déesse, mais représentée en tant que telle, à la manière d’une Nana de Zola, et le réalisme cru s'apprête à devenir une nouvelle norme dans l’art.

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Atelier Brancusi - Princesse X (Constantin Brancusi, 1915-1916)
Photo Adam Rzepka © Centre Pompidou

Atelier Brancusi - Princesse X (Constantin Brancusi, 1915-1916)

Rien que le titre de cette œuvre évoque un vieux porno un peu cheap. Mais quand on voit la sculpture, un buste épuré, une tête ronde sur un long cou reposant sur une large poitrine, on se croirait dans un sex-shop versaillais. Si, vous aussi, vous voyez un phallus doré à la place du portrait de la princesse Marie Bonaparte, arrière-petite-nièce de Napoléon, promis, vous n’avez pas l’esprit mal placé.

Évidemment, personne n’a vu la princesse, tout le monde a vu le pénis. En 1916, l’aspect phallique de la sculpture vaudra à l’artiste d'être écarté du Salon d'Antin puis, en 1920, rejeté du Salon des indépendants (décision annulée après une pétition signée par ses amis artistes). Ceux qui connaissent bien le travail du Roumain n’ont pas vraiment été étonnés : fervent dadaïste, Brancusi se plaît à démonter les conventions, s’attaquant ici à la binarité homme-femme et questionnant les notions de genre. Pour lui, la différence entre un homme et une femme n’est pas naturelle, mais culturelle. Cet hommage particulier a sans doute plu à Marie Bonaparte, qui a introduit en France les idées de Freud !

Le Louvre - Portrait présumé de Gabrielle d’Estrées et de sa sœur la duchesse de Villars (Anonyme, 1575-1600)
© 2017 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec

Le Louvre - Portrait présumé de Gabrielle d’Estrées et de sa sœur la duchesse de Villars (Anonyme, 1575-1600)

Deux femmes dans une même baignoire, l’une pinçant le téton de l’autre, les deux regardant le spectateur dans les yeux… Il y a de quoi avoir chaud en regardant cette peinture du Louvre. Quand on sait qu’elle représente, à droite, Gabrielle d'Estrées, maîtresse d’Henri IV, et à gauche, sa sœur, la duchesse de Villars, la scène saphique prend un virage incestueux, malaisant. En réalité, il s’agit d’une allégorie qui révèle la grossesse de Gabrielle d'Estrées. Le pincement du sein renvoyant au processus de lactation. Un roi qui a un enfant avec sa maîtresse : pas cool ! Mais si l’on regarde bien, Gabrielle tient dans sa main un anneau, promesse du souverain d’un futur mariage. Bingo : en 1599, le roi finit par officialiser leur union (après quatre gosses quand même), mais ce mariage ne verra jamais le jour, Gabrielle mourant deux semaines plus tard – dans d’obscures circonstances…

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Le Louvre - Faune endormi (Edme Bouchardon, 1730)
© 2014 Musée du Louvre / Raphaël Chipault

Le Louvre - Faune endormi (Edme Bouchardon, 1730)

Ah, enfin un homme sur lequel nous rincer l'œil ! Celui-ci tape une sieste après sans doute une bonne cuite contre un tronc dans une posture qu’on aurait du mal à trouver confort à jeun : un bras derrière la tête, sourcils froncés, bouche entrouverte et cuisses largement écartées laissant apparaître son sexe… Pas pudique pour un sou, le faune !

Compagnons de Bacchus, dieu du vin, les faunes sont réputés pour leur sexualité débordante et se plaisent à harceler les nymphes qui chillent au bord de l’eau. A la manière des satyres (plutôt issus du monde grec), les faunes se situent entre monde civilisé et monde sauvage. Cette copie grandeur nature d’une célèbre statue antique de la collection Barberini (aujourd’hui exposée à la glyptothèque de Munich) ne fait pas exception et illustre la virtuosité de Bouchardon, dont le coup de burin semble tout droit hérité du Bernin. Homosexuel, le sculpteur semble ici représenter un objet de désir ultime, l’homme aux proportions idéales. Malgré la qualité indéniable d'exécution de l'œuvre, Louis XV n’en voulut pas à Versailles, où il préférait exposer des modèles “plus virils”, moins romantiques. Désolée, Madame de Pompadour !

Petit Palais - Le Sommeil (Courbet, 1866)
CC0 Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Petit Palais - Le Sommeil (Courbet, 1866)

Un an après avoir reçu son Origine du monde, Khalil-Bey (encore lui) demande tout excité à son poto Courbet de lui peindre un couple de lesbiennes grandeur nature. Pour l’amour de l’art sans aucun doute… Le tableau représente deux femmes nues et enlacées, manifestement après un ébat amoureux. Erotique à souhait, le (grand) tableau de 200 x 135 cm suggère plus qu’il ne montre. Ici, les sexes sont cachés, faisant de l'œuvre un modèle de sensualité. Bijoux nonchalamment lâchés sur le lit, draps défaits et verres et carafes qui témoignent d’une soirée bien arrosée… On a presque l’impression d’être à côté des deux protagonistes et qu’elles vont se réveiller d’un instant à l’autre.

Tout comme l’Olympia de Manet, la chair est d’un réalisme saisissant, et rompt avec l’idéalisation des corps féminins. Ventres mous, cuisses charnues et bras potelés sont tant d’éléments sensuels qui offrent une dimension presque tactile au tableau. Symbole de voyeurisme et de luxure, l'œuvre représenterait le modèle préféré de Courbet (avec qui il aurait eu une petite aventure), Joanna Hifferman, et Mademoiselle Queniault, ancienne danseuse à l’Opéra et maîtresse… de Khalil-Bey.

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Centre Pompidou - Femme (Jean Arp, 1927)
© Adagp, Paris Crédit photographique : Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP

Centre Pompidou - Femme (Jean Arp, 1927)

Dadaïste un peu barré et grand habitué des soirées scandaleuses du cabaret Voltaire de Zurich, Jean Arp enchaîne les œuvres érotiques avec l’air de ne pas y toucher. Notre préférée ? Femme, visible au Centre Pompidou, une ode à la féminité et à la nativité. Appartenant à la période “langage objet” d’Arp, cette œuvre annonce l’entrée de l’artiste dans une phase figurative. Voluptueuse et pleine d’humour, cette huile sur contreplaqué est une sorte de Barbapapa sexualisé. 

Constitué d’un blob orange sur fond blanc, l’ensemble est agrémenté de lèvres pulpeuses, de seins lourds aux tétons pointant vers le bas et d’un orifice. Nombril ? Sexe ? Anus ? A vous de choisir. Sorte d’idole moderne, l'œuvre d’Arp matérialise la fécondité, les origines du monde (coucou Courbet), le tout dans un ensemble évoquant tour à tour les arts africains et océaniens et les amphores généreuses antiques.

Centre Pompidou - L’Œuvre, le peintre et son fétiche (Pierre Molinier, 1965)
© Adagp, Paris Crédit photographique : Jean-Claude Planchet - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP

Centre Pompidou - L’Œuvre, le peintre et son fétiche (Pierre Molinier, 1965)

Aussi doué avec un pinceau qu’un appareil photo, Molinier avait trois passions : la peinture, les filles et le pistolet”. La peinture, il en fera son taf, les filles ses sujets et c’est un pistolet qui lui ôtera la vie. Dans cette photographie L’Œuvre, le peintre et son fétiche, comme tout droit sorti d’un cabaret parisien, l’artiste se fait muse et pose en corset et bas résille à côté d’une peinture de femme nue entourée de tentacules, qui évoquent une multitude de pénis façon hentaï. Super-avant-gardiste, cette œuvre préfigure les travaux d’artistes travestis comme Michel Journiac ou Martha Wilson dans les 70’s et les gender studies des années 1990.

Au-delà des éléments explicites de l’œuvre, cette photo peut faire réfléchir à la déconstruction du genre et ce que cela peut apporter dans notre conception du sexe. Pourquoi les hommes ne pourraient-ils pas, eux aussi, être sexy en bas résille ?

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Cimetière du Père Lachaise - La Tombe de Victor Noir (Jules Dalou, 1891)
© DR

Cimetière du Père Lachaise - La Tombe de Victor Noir (Jules Dalou, 1891)

Mort à 21 ans après une embrouille avec Pierre Bonaparte, prince et cousin de Napoléon III, le militant et journaliste Yves Salmon aka Victor Noir (son nom de plume) est devenu un symbole de la lutte pour la liberté publique et contre le pouvoir en place.

Sa tombe, réalisée par le sculpteur républicain Jules Dalou, est d’ailleurs aujourd’hui l’une des sépultures les plus visitées du Père Lachaise. La raison n’est plus très politique mais cryptosexuelle. Le gros zizi dont le sculpteur a doté le gisant a donné naissance à de drôles de rituels dans les années 1960. En effet, la légende dit que frotter son sexe réglerait les problèmes d’érection et de fertilité. Apparemment, un paquet de gens ont eu besoin de passer par là car le bas-ventre de Victor Noir est particulièrement bien lustré. 

Musée Dali - En attendant le chocolat (Salvador Dali, 1967)
“The Official Catalog of the Graphic Works of Salvador Dali" by Albert Field. N. 67 – 4, Reference A-M, pages 32-33. Published by The Salvador Dali Archives.

Musée Dali - En attendant le chocolat (Salvador Dali, 1967)

Si vous visitez le musée Dali à Montmartre entre les horloges molles et paysages oniriques en tout genre, arrêtez-vous sur la série de 14 lithographies En attendant le chocolat, destinée à illustrer les contes écrits par Casanova, le charo le plus célèbre de l’Histoire.

L’une d’elles a particulièrement attiré notre attention. Très explicite, elle représente une femme, aisselles flamboyantes, enlacée par un homard géant. Elle se verse sur le corps ce que l’on imagine être du chocolat (de couleur… jaune ?), cuisses écartées sur son sexe représenté comme un inquiétant trou noir. On ne sait pas si c’est un fantasme chelou du peintre ou s’il s’agit d’une représentation imagée de la libération du désir à tout prix prônée par Casanova, mais nous, ça nous donne des idées de menus à déguster !

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Centre Pompidou - Anthropométrie de l’époque bleue (Yves Klein, 1960)
© Succession Yves Klein c/o ADAGP Paris Crédit photographique : Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP

Centre Pompidou - Anthropométrie de l’époque bleue (Yves Klein, 1960)

Cinq formes sans tête ni bras, dans le fameux bleu inventé par l’artiste… On vous l’accorde, l’aspect érotique ne saute pas aux yeux. Regardons de plus près : entre les cuisses de ces silhouettes, on devine le contour d’une toison pubienne. Ces anthropométries sont en réalité le résultat de performances où les femmes, nues et couvertes de peinture, se sont plaquées contre la toile et ont été utilisées comme pinceaux vivants. 

Les anthropométries représentent l’apogée de la femme objet, et les militantes des années 1960, extrêmement choquées de cette pratique artistique, qualifient (à raison) Klein de misogyne. Mais l’œuvre a visiblement su inspirer différentes marques qui proposent des kits de peinture pour créer un témoignage unique de vos ébats – consentis et respectueux.

Louvre - L’Odalisque (François Boucher, 1745)
© 2014 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec

Louvre - L’Odalisque (François Boucher, 1745)

“Pan pan cucul”. Le modèle de l'œuvre de François Boucher semble carrément nous inviter à la rejoindre dans la chambre. Peinte en 1745, cette nouvelle odalisque (soit une femme de chambre travaillant dans un harem) entre dans le mouvement rococo, et ne ment pas sur son sujet : ici, on parle bien de cul.

Si, d’habitude, les œuvres orientalistes nous offrent des poitrines à gogo et des sujets vaguement mythologiques, ici, ce sont les fesses qui sont mises à l’honneur, rompant avec la fausse pudeur des collègues de Boucher. Un parti pris qui choque le public, Diderot en tête, mais qui ravit la critique. La préciosité du style rococo associée à la coquinerie du modèle finit par devenir un symbole de la période libertine. Cette œuvre rococo redonne aux fesses une place d’honneur et mériterait d’ailleurs une place de choix au palmarès des Plus Beaux Culs du Louvre !

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Centre Pompidou - Orgasmus (Valie Export, 1967)

Activiste énervée et artiste féministe (ou le contraire), Valie Export – de son vrai nom Waltraud Lehner – a marqué le monde de l’art par une pratique virulente, tournée autour du sexe comme instrument de pouvoir (elle a ainsi défilé sexe nu dans un cinéma de Munich en 1969). Seul film de cette liste, Orgasmus, muet et en noir et blanc, montre une femme en train de se masturber et de jouir ; l’autre protagoniste du film (qui jouit également) est un homme. Sont-ils ensemble ? Qui donne un orgasme à qui ? Le film laisse planer le doute. Mais qui a dit qu’il fallait être deux pour kiffer ses nuits ?

Musée Guimet - Album de treize estampes érotiques (Eiri Hosoda, XVIIIe siècle)

Bien avant le hentai, les Japonais ont montré des images très décomplexées du sexe, à commencer par les shunga, ces estampes érotiques tantôt sensuelles, tantôt carrément pornographiques comme celles réalisées par Eiri Hosoda au XVIIIe siècle. Ici, pas de positions lascives et subtiles comme chez les orientalistes mais des scènes de pénétration très crues sur des kimonos jetés à même le sol. Ultra-explicites (avec un grand soin apporté aux poils pubiens), les différentes images de cet album signé Hosoda s'enchaînent dans une sorte de mini-kâma sutra version nippone aux élégantes couleurs. 

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