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Bagarre
© Sarah Makharine

Bagarre, de la pop qui danse et qui pense

A l'occasion de l'arrivée imminente d’un nouvel album, on a rencontré La Bête, membre du groupe Bagarre, qui, plutôt que de nous foutre un crochet en pleine mâchoire, nous a parlé de teuf et d’engagement politique.

Zoé Terouinard
Écrit par
Zoé Terouinard
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Le 17 janvier dernier, dans le 11e, au sous-sol d’une Casbah pleine à craquer, une foule de noctambules se serrait sous les reflets des boules disco pour découvrir “Boy”, le nouveau single de Bagarre, ode pop à la masculinité déconstruite, à l’occasion de la soirée mensuelle du collectif intitulée “Le club, c’est vous”, leur devise depuis le début. “Ces soirées sont l’occasion de retrouver notre public dans un petit lieu. C’était important pour nous de redonner du sens à quelque chose d'inimitable, d’infalsifiable : le moment”, nous confie La Bête, l’un des cinq doigts du poing.

Car si le combo parisien fait circuler sa “dance-pop” depuis une dizaine d’années dans les salles de concert et festivals d’Europe, il a toujours entretenu un lien particulier avec les night-clubs, dont le format permet un rapport différent au public. “Dans un club, les gens ne viennent pas spécialement pour toi. Les règles du club sont plus horizontales et permettent quelque chose de plus immersif. Tout ça, ça a forgé notre identité dès le départ. On dit souvent ‘Y a pas de fosse, y a pas de scène’ dans Bagarre”, explique La Bête.

Et il n’y a pas de profits non plus, avec une entrée à prix libre. “L’autre aspect qui nous importe avec ces soirées, c’est de se désengager d’un aspect financier. Personne n’est payé et tout est reversé à une association”, en l’occurrence à Acceptess-T, une association de défense des droits des personnes transgenres précarisées.

Militantisme pop

Chez Bagarre, la teuf est “un lieu politique et engagé”, un militantisme lié aux parcours de ses membres. “On a grandi dans les scènes électroniques queers parisiennes, c’est de là que vient ce côté militant”, poursuit La Bête. “Les soirées dans lesquelles on a démarré (les Trash/Romance du collectif Fils de Vénus, ndlr) étaient par essence militantes. Toute cette scène qu’on appelait à l’époque ‘gay friendly’, c’était un petit monde qui essayait de se faire une place dans le monde de la nuit au milieu des soirées hétéro du Rex Club. C’était la meilleure époque pour être libre, penser les choses différemment et, par extension, s’engager.” 

Mais pour eux, engagement ne rime pas avec morceaux plombants, la preuve avec un nouvel album “plus pop et libéré”. “On a voulu assumer notre conviction de rester naïfs et utopistes en associant différents pans de la culture, qu’elle soit indé, mainstream, queer ou hétéro. Et on a toujours pensé que c’était plus facile de convaincre et faire passer un message via quelque chose de coloré, de joyeux et qui nous ressemble, et avec des gens amis issus de nos cercles proches”, sourit La Bête. 

Un mélange des genres et des copains qu’on retrouve dans leurs soirées, où l’on peut voir des drag shows, écouter une prise de parole ou une reprise de Britney Spears à la guitare, assister à un showcase acoustique de Joanna ou danser sur un DJ set de Claude-Emmanuelle. 

Entrez dans le club

Après s’être régénéré de l’énergie du club, Bagarre s’apprête à l’exporter dans les bacs avec la sortie de son troisième album Le club, c’est vous, une phrase prononcée à chaque concert. Cinq ans après avoir transformé l’Olympia en une teuf géante faisant cohabiter les vogueurs de la House of LaDurée, les militants d’Acceptess-T ou les guitaristes Hanni El Khatib et Jamie Ryan, Bagarre fait son retour au Bataclan le 24 mai pour une nouvelle mêlée “en forme de célébration de dix ans de vie commune avec le public”. A quoi s’attendre ? A du bon, du pop et du politique, forcément.

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