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Joconde
© Léonard de Vinci

5 choses à savoir sur… La Joconde de Léonard de Vinci

Histoire d’épater la galerie.

Zoé Terouinard
Écrit par
Zoé Terouinard
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C’est probablement le visage le plus célèbre de toute l’histoire. Attirant chaque jour près de 20 000 visiteurs au musée du Louvre, le portrait de Mona Lisa fascine, obsède et questionne. On dit que son regard ne vous quitte pas, que son sourire renferme des secrets, qu’elle serait le portrait de Léonard de Vinci lui-même ou le produit de savants calculs… Pourquoi cette femme posant de trois quarts devant un paysage rend-elle tout le monde dingo ? Récemment revenue dans l’actu à la suite d’un jet de soupe par des militantes du collectif Riposte alimentaire, La Joconde demeure toujours aussi mystérieuse. Heureusement, vous pouvez compter sur les fins limiers de Time Out Paris pour percer les secrets de cette grande dame en cinq anecdotes.

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5 choses à savoir sur… La Joconde de Léonard de Vinci

Son sourire obsède absolument tout le monde
© Léonard de Vinci

1. Son sourire obsède absolument tout le monde

Le sourire de Mona Lisa est une source de débat chez les historiens de l’art… mais aussi chez les médecins. Irrégulier et énigmatique, il semblerait que ce rictus iconique soit dû à plusieurs maladies dont était atteinte Lisa del Giocondo. En 2018, deux professeurs de médecine américains ont fait le lien entre son apparence (son visage légèrement gonflé, sa chevelure clairsemée, sa couleur de peau et son fameux sourire) et un état dépressif, qui serait couplé à une hypothyroïdie due à un accouchement. Les deux chercheurs viennent ainsi contredire un premier diagnostic posé par un professeur d'anatomie pathologique à l'université de Palerme, qui penchait plutôt pour un excès de cholestérol après avoir décelé dans l’œil droit de l’Italienne une petite poche de xanthelasma. Une théorie qui semble plausible quand on sait que la femme venait d’accoucher et qu’au XVIe siècle, l'hypothyroïdie était courante au sein de la population italienne. D’ailleurs, les représentations de personnes atteintes de maladies de la thyroïde (avec un gonflement au niveau du cou) ne sont pas rares à la Renaissance. L’énigme serait-elle résolue ? 

2. Il s’agirait du portrait de Lisa Gherardini

Longtemps, l’identité de Mona Lisa a été débattue, discutée, contestée. Certains disent même qu’il s’agit d’un homme – Léonard de Vinci lui-même ou son assistant. Il semblerait que l’on soit enfin arrivé à un consensus : La Joconde serait donc le portrait de Lisa Gherardini, une femme issue de l'ancienne aristocratie républicaine de Florence. Alors qu’elle est âgée de 15 ans, Lisa est mariée à un marchand d’étoffes florentin. Si l’union est heureuse, la vie de famille est plus morose. Le couple perd quatre de ses six enfants en bas âge ; alors, pour redonner le sourire (de Mona Lisa) à sa femme, son époux passe commande en 1502 à Léonard de Vinci, alors au top de sa carrière, pour lui tirer le portrait. Le maître s'attelle à la tâche entre 1503 et 1506, immortalisant une Lisa alors âgée de 24 ans et devenue une dame, en italien Madonna… ou Monna. Si l’on écrit souvent “Mona Lisa” avec un seul n, sachez qu’il s’agit d’une erreur : les Anglais ont mal orthographié le titre italien et, en enlevant le second n de Mona, ont transformé un simple titre de civilité en un gros mot italien. Peut-être est-ce pour ça qu’en France, on lui préfère le surnom de Joconde, en référence à son nom de famille marital, Giocondo.

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Elle a compliqué les relations franco-italiennes
© 2004 Musée du Louvre / Angèle Dequier / Jean Clouet

3. Elle a compliqué les relations franco-italiennes

Très fier de son tableau, Léonard de Vinci n’a finalement pas donné sa Joconde à son commanditaire, préférant l’embarquer avec lui au Clos Lucé d'Amboise pour sa rencontre avec François Ier, en 1517, histoire de flamber devant le roi de France. Manque de pot, le grand maître italien y décèdera deux ans plus tard. François Ier, ayant versé une pension à De Vinci en échange de ces tableaux, s’empresse de faire entrer les toiles dans ses collections royales, qui deviendront nationales à la Révolution. Installé au château de Fontainebleau, à Versailles, au palais des Tuileries avant de finir au Louvre, le portrait de l’Italienne devient un symbole français. Et ça, ça énerve un peu les Ritals : en 1911, le peintre Louis Béroud se rend au Louvre pour faire un croquis de Mona Lisa. Quel ne fut pas son étonnement lorsqu’il s'aperçoit qu’à sa place habituelle, entre Allégorie conjugale du Titien et Le Mariage mystique de sainte Catherine du Corrège, se trouve un carré vide. Pas de panique, elle est probablement à l’atelier de photographie. Eh bien non : La Joconde a bel et bien disparu. Si l’on soupçonne Picasso ou encore Apollinaire, le voleur est Vincenzo Peruggia, un vitrier italien employé au Louvre. Il conserve la toile pendant deux ans dans sa chambre à Paris avant de tenter de la vendre à un antiquaire… à Florence, la ville natale du tableau. Bien qu’il s’agisse du vol du siècle, Peruggia, dénoncé par l’antiquaire, n’écope que de 18 mois de prison, les Italiens saluant son acte patriotique. Inutile de vous dire qu’elle est depuis devenue hyper surveillée, ce qui n’a pas empêché les militantes du collectif Riposte alimentaire d’asperger sa vitre de soupe en janvier 2024. Un coup d’éponge plus tard, La Joconde est comme neuve et continue de faire le bonheur des touristes de passage au Louvre.  

4. Elle a un secret de fabrication

Si le tableau a été scruté sous toutes ses coutures, les nouvelles technologies permettent des analyses plus précises. Comment, en connaissant les techniques typiques de la Renaissance, Léonard de Vinci est-il parvenu à une telle perfection ? Des travaux publiés en 2023 se sont penchés, à l’échelle moléculaire, sur les ingrédients des maîtres de la Renaissance. Les résultats confirment une hypothèse : De Vinci aurait utilisé du jaune d’œuf dans ses peintures ! Ces traces de protéines animales avaient déjà été détectées, mais les spécialistes penchaient pour une contamination accidentelle. Mais aujourd’hui, grâce à des nouvelles techniques, les chercheurs ont pu prouver que la présence de ces composants était due à un usage volontaire de la part de De Vinci. Pour confirmer cette hypothèse, l’équipe de chercheurs a recréé le mélange (huile de lin, eau distillée, pigment et jaune d’œuf) pour démontrer à quel point cela modifiait les propriétés de la peinture à l’huile. Le jaune d’œuf contenant de nombreux antioxydants, les œuvres mettent plus de temps à se détériorer, ce qui pourrait expliquer l’incroyable conservation de La Joconde. Bon, le secret n’est en réalité pas si secret puisque d’autres maîtres de la peinture ont eu recours à ce procédé, Rembrandt, Vermeer et Botticelli pour ne citer qu’eux. 

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Elle a été déclinée à l’infini
© Association Marcel Duchamp / Adagp, Paris Crédit photographique : Centre Pompidou, MNAM-CCI/Hélène Mauri/Dist. RMN-GP /Dist. RMN-GP

5. Elle a été déclinée à l’infini

Probablement la figure la plus célèbre de l’histoire de l’art, La Joconde n’a cessé d’être copiée et recopiée. Dès le XVIIe siècle, les jeunes peintres étaient encouragés à copier les œuvres de grands maîtres pour se faire la main, donnant naissance à des tas de petits de Mona Lisa tels que La Joconde du Prado, la Mona Lisa d’Isleworth ou encore la Mona Lisa Hekking, une réplique adjugée chez Christie's en juin 2021 pour 2,9 millions d’euros. Dans les siècles suivants, le tableau le plus visité du monde n’a jamais perdu de sa superbe et a continué à être réinterprété. Duchamp l’a affublée d’une moustache et d’une petite légende sexiste (L.H.O.O.Q) en 1919, Fernando Botero l’a arrondie en 1959, Warhol l’a sérigraphiée dans les années 1960, Invader l’a pixélisée en 2005… On ne compte plus les déclinaisons du célèbre portrait ! Enfin nous non, mais le jocondologue Jean Margat oui, lui qui répertorie soigneusement ses reproductions depuis les années 1950. Président de l’association Les Amis de Mona Lisa depuis 1982, il a fait don de son incroyable collection de 11 000 objets au Louvre en 2014, qui utilise depuis ces images comme base d’études iconologiques et comme matériau pour des expositions consacrées au tableau le plus fascinant du monde. 

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