Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche

La mairie dévoile un projet d'aménagement pharaonique sur l'axe de la Chapelle

Rémi Morvan
Écrit par
Rémi Morvan
Publicité

A toi le Doc qui chantais ton amour pour ta banlieue du 18e, sache qu’on s’apprête à lui mettre un coup de polish. A l’heure des grands chamboulements urbains, le JDD a révélé que, suite à une concertation lancée en mai 2021, la mairie allait mettre en branle un maousse projet de rénovation touchant à deux voies phares de l’arrondissement.

Les artères concernées ? Les rues en enfilade de la Chapelle et Marx-Dormoy, soit 1,5 km du nord au sud de l’arrondissement, entre les boulevards des Maréchaux et de la Chapelle. Pour la mairie, l’objectif est assez clair et explicité par le premier adjoint Emmanuel Grégoire au JDD : "Nous avions pris l'engagement avec la maire de requalifier ce secteur en profondeur, en implantant de grands équipements structurants […] mais aussi en réaménageant entièrement un espace public dégradé et hostile. D'autant qu'il a connu de grandes difficultés ces dernières années." Parmi ces dernières se pose notamment la question du trafic et de la consommation de drogue. L’administration a donc décidé de mettre la main à la poche avec un budget global astronomique de 50 millions d’euros.

Croquées par l’urbaniste Jean-Baptiste Choblet, les ébauches dessinent un projet centré autour de la végétalisation d’une kyrielle d’équipements avec une large place accordée aux vélos et aux piétons. Dans le détail, cela passera par la création de promenades de 23 mètres de large, avec de potentielles terrasses de café sur les bords et “une végétalisation en pleine terre”, dixit le premier adjoint. Côté ouest, il sera question de l’érection d’une piste cyclable bidirectionnelle, permettant de pédaler en continu jusqu’à Saint-Denis. Une évolution qui réduira drastiquement la place accordée aux autos, passant à 26 % contre 45 % actuellement. Également dans le plan : des équipements sportifs, l'éclairage de nombreux commerces, des œuvres d’art, un marché de producteurs locaux sur le rond-point de la Chapelle ou encore des échoppes de cuisine de rue.

Il va aussi de soi qu’un projet de cette ampleur suscite des questionnements de l'opposition. Au JDD, l’élu LR du 18e Rudolph Granier déclare “[attendre] de voir”. Il pose la question du trafic auto et s'interroge à l'idée de “se retrouver avec des ZAD sales, moches, pas entretenues, laissées à l'abandon et repères de toxicomanes”. En réponse, le maire du 18e Eric Lejoindre table sur une baisse structurelle de l'usage des véhicules motorisés et juge qu’un “aménagement de qualité” couplé à un entretien rigoureux entraînera la “baisse de ce qu'on appelle pudiquement des mésusages”.

Au-delà des passes d'armes politiques, il est aussi bon de s'interroger sur l’inclusion des habitants de ce quartier populaire dans le projet. Ce dernier est-il amené à devenir un accélérateur de gentrification de plus ou un réel outil pour tous avec des équipements et des commerces à prix accessibles ? Le plan d'aménagement a vocation à s’affiner d’ici la fin de l’année, avec des travaux qui devraient s’étaler jusqu’à la fin 2023. Il sera alors temps de juger sur pièces.

À la une

    Publicité