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Un musée pour Guimard, l’homme derrière les entrées de métro les plus iconiques de Paris

Le lieu ambitionne aussi de rééditer certaines pièces emblématiques de Guimard, produites par des artisans français encore détenteurs des savoir-faire d’époque. Une manière de prolonger l’intention première du maître : rendre l’Art nouveau accessible à tous.

Liv Kelly
Écrit par
Liv Kelly
Travel Writer
Un futur musée dédié à Hector Guimard à Paris
© Musée Guimard
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Paris s’offre enfin un musée Hector Guimard

Chaque métropole a son terrain de jeu souterrain. Londres brandit fièrement son rond rouge et bleu, Mexico transforme ses tunnels en galerie d’art mural. Et Paris ? Paris a ses bouches de métro qui ressemblent à des plantes carnivores sous absinthe, tout droit sorties d’un rêve d’architecte halluciné.

Ce rêve, il portait un nom : Hector Guimard. Figure longtemps reléguée dans les marges de la Belle Époque, il a façonné le décor du Paris 1900 avant de tomber dans l’oubli. Plus pour longtemps. En 2027, un musée entièrement consacré à son œuvre ouvrira dans le 16e, dans un bâtiment qu’il avait lui-même dessiné : l’Hôtel Mezzara. La boucle est bouclée.

Un projet de longue haleine dans un décor signé Guimard

Classé monument historique, l’Hôtel Mezzara appartient aujourd’hui à l’État. Et il aura fallu dix ans de démarches, de candidatures officielles et d’obstination pour qu’un musée dédié à Guimard puisse enfin émerger. En janvier dernier, l’administration des finances publiques d’Île-de-France a lancé un appel à projets pour redonner vie à ce joyau architectural via un bail emphytéotique. À la clé, une candidature gagnante : celle de la société FABELSI, la holding de Fabien Choné – entrepreneur, collectionneur chevronné de Guimard et cofondateur de Hector Guimard Diffusion.

Un musée vivant, entre patrimoine et innovation

L'objectif ? Redonner à l’Hôtel Mezzara sa splendeur d’origine, tout en y installant un musée vivant, international et ancré dans son époque. La restauration du bâtiment, soutenue par la Banque des Territoires, mobilisera artisans d’art, architectes spécialisés et services du patrimoine de l’État. Façades fidèlement réhabilitées, décors intérieurs sublimés, scénographie immersive : tout sera mis en œuvre pour faire rayonner le génie d’un architecte qui a trop longtemps été snobé dans son propre pays.

Car oui, Guimard a longtemps été boudé par les Français. « Cela peut surprendre les visiteurs étrangers, mais les Français n’ont jamais vraiment aimé l’Art nouveau », confie Fabien Choné au Guardian. Jugées trop exubérantes, ses créations – pourtant saluées à l’étranger – furent parfois moquées, qualifiées de "style spaghetti". Un critique de l’époque jugeait même la peinture verte de ses édicules "non française", et ses lettres cursives "stupéfiantes pour les étrangers". Résultat : sur les 167 entrées de métro dessinées par Guimard, seules 88 ont survécu aux décennies de modernisation.

Ce musée vient donc réparer une injustice patrimoniale. Grâce à une collection réunie par Hector Guimard Diffusion, l’association du Cercle Guimard et des prêts venus de collections privées et publiques, les visiteurs découvriront mobilier, objets décoratifs, archives rares et photographies inédites. Et bien sûr, les fameuses entrées de métro seront mises à l’honneur, avec l’appui de la RATP, dans des dispositifs immersifs pensés pour replonger le public dans le Paris de la Belle Époque et ses grandes expositions universelles. 

À l’instar du musée Horta à Bruxelles ou de la Casa Batlló à Barcelone, Paris aura donc enfin sa maison-musée consacrée à l’un de ses grands architectes.

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