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21 rue La Boétie

  • Art, Peinture
  • 4 sur 5 étoiles
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Une expo d’art, mais aussi d’Histoire.

Les expositions mettent souvent en avant les collectionneurs, rarement les galeristes. Et pourtant, ce sont eux les premiers dénicheurs de talents. Parmi les plus célèbres de la première moitié du XXe siècle, on compte Paul Durand-Ruel, Ambroise Vollard, Daniel-Henry Kahnweiler… Et Paul Rosenberg. Baignant dans le monde des arts depuis sa plus tendre enfance, celui-ci a fondé, avec son père Alexandre et son frère aîné Léonce, une dynastie d’éminences culturelles. Dont la réputation perdure encore aujourd’hui grâce à sa petite-fille, la journaliste et écrivaine Anne Sinclair.

Les tableaux ne sont pas seulement beaux : ils sont le reflet d’une ère

C’est d’ailleurs en prenant comme référence l’un des ouvrages de cette dernière, justement intitulé ’21 rue la Boétie’ en hommage à l’adresse de la galerie de son grand-père, que s’articule l’exposition du même nom. A travers les toiles d’artistes de renom ayant régulièrement orné les murs du lieu – Pablo Picasso, George Braque, Marie Laurencin, Henri Matisse, Fernand Léger, Edouard Manet et Auguste Renoir pour ne citer qu’eux –, c’est un demi-siècle de bouillonnement artistique et culturel parisien que l’on retrace. Mais également un demi-siècle d’événements historiques majeurs, les deux se télescopant constamment.

Dans cette exposition aussi sobre que l’appartement-galerie du 21 rue la Boétie était surchargé, on rencontre des chefs-d’œuvre qui sont autant de vestiges d’une époque aux années bénies puis au passé tourmenté. Le temps de l’apogée transparaît ainsi dans les portraits que le maître espagnol réalise de la famille Rosenberg : des esquisses rondes et tendres, fastes et tranquilles, qui tranchent avec sa période cubiste. Le calme avant la tempête de la Seconde Guerre mondiale et de l’occupation allemande, qui engendra la spoliation des biens et l’exil de la famille Rosenberg outre-Atlantique. Une monstruosité historique qu’une table décorée d’un pavage signé Braque, récupéré au sol du 21 rue de la Boétie que réquisitionnèrent les Nazis, se fait par exemple le témoin. De même que l’illustration symbolique des exactions que subirent tous les Juifs de France. Quant à l’essor de l’art moderne aux Etats-Unis, que Paul Rosenberg accompagna en tant que pionnier, il s’explique par une Europe d’après-guerre ruinée qui ne peut plus se permettre d’acheter autre chose que des denrées de première nécessité. Signe que l’art et l’Histoire sont perpétuellement liés.

Riche de splendeurs uniques – tel le minois d’Anne Sinclair croqué par Marie Laurencin, seul portrait de l’artiste où son sujet n’est pas représenté avec des yeux noirs mais bleus –, l’exposition ’21 rue la Boétie’ l’est aussi d’enseignements. Ne cachant rien du monde des marchands d’art, en dévoilant ses coulisses et ses méthodes sans complexe, c’est également sans tabous qu’elle nous fait revivre une époque trouble de notre pays. Qui s’assimile toutefois un peu plus facilement par le biais de l’art, pilule picturale aidant à digérer le mal.

Écrit par
Clotilde Gaillard

Infos

Site Web de l'événement
www.museemaillol.com/fr/21-rue-boetie
Adresse
Prix
De 5 à 13€
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