CK Combo
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7 œuvres queers à découvrir à Paris

Une histoire de l’art version queer, ça vous branche ?

Zoé Terouinard
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A l’heure où il n’est plus question d’invisibiliser qui que ce soit, Time Out présente son top des œuvres parisiennes LGBTQIA+. Entre esthétique, lutte et revendication, on se prépare à scanner son Q(UEE)R Code et à se faire une tournée des musées de Paname !

7 œuvres queers à découvrir à Paris

1. Le Sommeil - Gustave Courbet, 1866

On connaît Courbet pour son sens de la provoc et son goût de l’anatomie féminine, lui qui a peint un sexe de femme en gros plan dans son Origine du monde. C’était un peu le Hugh Hefner de son temps et, dans un monde pré-Playboy, ses œuvres érotiques rentraient directement dans les collections privées des plus coquins, sans passer par la case expo. L’une des plus célèbres représente une scène post-coïtale entre deux femmes. Peint en 1866, Le Sommeil est l’un des premiers exemples du male gaze fantasmant les relations lesbiennes. Poses lascives et corps de déesses, les deux femmes choquent autant qu’elles excitent. Une représentation qu’on ne veut plus voir dans la création contemporaine mais dont l'existence ne peut être niée. 
A voir au : Petit Palais.

2. Le Lit - Toulouse Lautrec, 1892

Superstar de Montmartre, Henri de Toulouse-Lautrec est le peintre de la bohème parisienne par excellence. Entre teuf, tise et fréquentation de tous les lieux de plaisir de la capitale, la peinture d’Henri, c’est plus celle des fêtards des classes populaires que celle de la haute guindée. Il installe son atelier dans des bordels, croquant et peignant les prostituées dans leur quotidien. Ce sont deux de ses muses de joie qu’il représente dans Le Lit, capturées dans un moment d’intimité. Plutôt que de peindre une représentation érotique des travailleuses du sexe, c’est un couple endormi, les cheveux en bataille et les corps dissimulés par la couette, que Toulouse-Lautrec décide de nous montrer, dans un délire un brin voyeur. Une scène commune qui se situe bien au-delà de la sexualité. 
A voir au : Musée d’Orsay

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3. Autoportrait - Claude Cahun, 1927

Photographe, écrivain(e), résistant(e), féministe, engagé(e), Claude Cahun fait figure d’ovni dans les années 20. Avant même l’ouverture des débats sur les questions de genres, Claude Cahun (née Lucy Schwob) ne se définit qu’en tant qu’artiste, et jamais par son sexe. “Neutre est le seul genre qui me convienne toujours”, se plaisait-iel à dire. Vous avez dit avant-gardiste ? Le musée d’Art moderne témoigne de sa force et de son sens de la composition avec une série d’autoportraits. Crâne rasé, look et silhouette androgynes, mise en scène de jeux érotiques avec sa compagne Suzanne Malherbe alias Moore, tout dans son art évoque l’émancipation et l’abolition des codes. Un(e) artiste résolument moderne que l’histoire de l’art a (trop) longtemps oublié. 
A voir au : Musée d’Art moderne

4. Pierre et Gilles - Autoportrait 78, 2014

Couple à la vie comme à l’atelier, Pierre et Gilles immortalisent leurs jeunes années dans Autoportrait 78, le portrait d’un souvenir fantasmé réalisé en 2014. Pierre, bad boy clope au bec et casquette de marin portée de travers, enlace Gilles, angelot blond en costume de matelot, devant un fond fleuri romanti-kitsch. L’ensemble est encadré de croquis d’amoureux, comme ceux que l’on dessinait dans la marge de notre cahier en pensant à notre crush de 5e. Alors que l’amour de deux hommes est encore trop souvent perçu comme sulfureux, c’est ici une représentation toute mignonne d’une love story homosexuelle que nous offre le duo. Le trait “iconographie gay des années 80” est forcé, entre couvre-chef repris dans les communautés SM et la marinière homo-érotisée par Jean Paul Gaultier dès les années 70. Le résultat ? Une œuvre fun, légère et pleine d’amour. 
A voir au : Centre Pompidou

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5. Felix Gonzalez-Torres - Untitled (Blood), 1992

Bien moins frivole, l’œuvre de Felix Gonzalez-Torres renvoie à une réalité indissociable de la culture queer : le sida. Si l’artiste américain a succombé à cette maladie en 1996, celle-ci avait déjà eu raison de son compagnon quelques années plus tôt. Cette perte tragique ne cessera de guider l'œuvre du plasticien, qui se veut aussi politique que conceptuelle. Alors que le rideau de perles rouges et blanches qui constitue l’installation Untitled (Blood) est séduisant par ses reflets et son aspect tactile, sa signification est bien plus badante. En effet, elle représente la baisse du taux de lymphocytes T relevée dans le sang de l’artiste déjà infecté et la fine barrière, très facile à franchir, entre santé et maladie. Bien que particulièrement intime, l'œuvre dépasse l’artiste et devient un symbole de la crise du sida des 90’s.
A voir à : La Bourse de Commerce

6. CK Combo - Tintin et Haddock, 2018

On a tous déjà vu ce roulage de pelle intensif entre Tintin et le capitaine Haddock en nous baladant dans le Sentier. Signée CK Combo, cette fresque monumentale amuse autant qu’elle crée la polémique, faisant d’elle un vrai phénomène viral des réseaux sociaux. Cette fresque, réalisée avec l’accord de la ville de Paris, s’inscrit dans le désir de faire de Paname la capitale du tourisme “LGBTQIA+ friendly” dans le monde (d’après un rapport de Jean-Luc Romero, conseiller régional d’Île-de-France et maire adjoint du 12e arrondissement). Pourtant, à peine peinte, l'œuvre recevait déjà des jets de peinture rouge en signe de contestation. Il en faut plus pour décourager le street artiste qui décline la romance de Tintin et du Capitaine dans toute la ville, les représentant même lors de leur mariage rue de la Lune.
A voir : Rue des Petits Carreaux

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7. Up/Side/Down/Town - Daniel van der Noon, 2019

Toujours dans le street art, c’est cette fois-ci un préau de la rue du Temple qui se pare des couleurs du drapeau LGBTQIA+. Réalisée dans le cadre du projet #EmbellirParis, l’immense fresque à 360° rassemble une cinquantaine de lieux emblématiques ayant participé à l’élaboration d’une mémoire urbaine des communautés queers. Qu’on y fasse la teuf, qu’on s’y sente accueilli ou qu’ils soient des QG militants, les spots représentés par l’artiste Daniel van der Noon constituent un ensemble immersif qu’on se plaît à disséquer. L’œuvre, ultra-colorée, réussit un tour de force : illuminer un peu la grisaille parisienne grâce à son message de tolérance et à ses nuances pop. 
A voir : Rue du Temple

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