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Anish Kapoor - Versailles

  • Art, Installation
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

L'artiste britannique sème le chaos dans les jardins de Le Nôtre, ouvrant un dialogue édifiant entre l'art contemporain et la cour du Roi Soleil.

N’en déplaise aux associations traditionnalistes, militants d’extrême droite et autres réactionnaires atteints de pudibonderie victorienne chronique, l’art contemporain est de retour à Versailles. Et il ne s’y est jamais aussi bien porté – lui, avec ses milliers d’interprétations possibles. Ses commentaires politiques sous-jacents. Ses sous-entendus sexuels à prendre ou à laisser. Ses questions qui fâchent les gens fâchés. Ses orifices aux faux airs de vagins et ses lignes phalliques aux faux airs de phallus – et plus si affinités. Après Jeff Koons, Xavier Veilhan, Joana Vasconcelos ou Lee Ufan, c’est Anish Kapoor qui est venu mettre un gros coup de pied, pardon, de pelleteuse, dans la cour du Roi Soleil, dans l’espoir de faire dialoguer ces lieux chargés d’histoire avec la création (et la civilisation) actuelle. Et forcément, en faisant parler les non-dits et en mettant le doigt sur des plaies mal refermées, le discours de l’artiste britannique a fait un beau petit esclandre au pays des monarco-catho-conservateurs.

Mais passons sur les polémiques qui, comme souvent à Versailles, ont accueilli cette exposition soi-disant scandaleuse, iconoclaste, blasphématoire. Elles sont aussi anecdotiques que prévisibles. D'ailleurs, Anish Kapoor, indifférent, ne s’en étonne pas. Lui qui a voulu semer le chaos dans les jardins millimétrés de Le Nôtre. Se mesurer à l’ampleur du Domaine en le défigurant. Interroger la place qu’occupe Versailles dans notre inconscient collectif, à l’heure du XXIe siècle « tout démocratique », en cherchant à révéler la « noirceur » qui se cache sous cette surface rangée, proprette. « La rationalité apparente de Versailles contredit un secret, une forme d’abjection, un besoin souterrain de cacher tout ce qui est débraillé », explique-t-il. « Je veux que la confusion règne. » 

Miroirs déformants, excavations inquiétantes, vortex menant au centre de la terre, giclures de peinture couleur sang… En optant pour un parcours composé de six œuvres qui lorgnent vers l’allégorie, l’artiste britannique a formulé une proposition bien plus percutante que celles de ses prédécesseurs. Ici, il s’agit d’écorcher, d’éventrer, de laisser le doute, la nature et la bassesse reprendre leurs droits – sur les jardins, surtout, mais aussi sur la salle du Jeu de Paume, berceau symbolique de la démocratie. Le dialogue est grand ouvert, les mythes du château se confrontent à d’autres mythologies, incertaines et souterraines, que l’artiste convoque sans chercher à les expliciter. Ou comment déterrer des fossiles flambant neufs, pour révéler les failles de notre Histoire. Avec un grand H, même.

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Entrée libre ; payante les jours des Grandes Eaux et des Jardins musicaux.
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