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Caecilia Tripp, Going Space

  • Art, Art contemporain
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Time Out dit

L’espace réduit du concept.

Jolie promesse que celle tendue par Caecilia Tripp de rejoindre l’espace, lieu hors de toute frontière et loin de toute identité où chacun pourrait venir se glisser. Dommage que l’on ne s’envole pas lorsqu’on est face à ses œuvres. Le Crédac d’Ivry-sur-Seine présente certains des travaux de l’artiste allemande, de ses premières pièces en 2004 à sa dernière performance, exécutée ce mercredi 13 janvier. Vidéos, photos, installations, son art se décline sur plusieurs supports et explore les notions de racines et d’individus. Un programme qui pourrait avoir de l’allure si seulement il résonnait profondément dans les œuvres qui l’exploitent.

On est un peu désemparé quand on parcourt les deux salles qui accueillent l’exposition. On y rencontre la figure afro-américaine, oscillant entre déracinement et intégration dans une esthétique fade et désuète qui ne questionne ni la représentation de cette figure ni l’individu lui-même. Nos pas hésitent, cherchent une cohérence, un fil auquel se raccrocher quelques instants pour saisir où l’on est, ce que l’on regarde. Plus loin, d’autres films mettent en scène des petites filles à l’Apollo Theater sur un texte à la poésie forcée et répétitive. Il n’y a décidément rien pour nous aider. Une série de portraits de mains endormies sur des classiques de la littérature américaine des années 1960. Cela voudrait-il dire qu’ils sont ronflants ? Leur tirage précis fait ressortir le beau noir et blanc mais au milieu de ce brouhaha visuel, difficile de reconnaître la justesse d’un contraste sur une photo dont l’intérêt (si ce n’est son esthétique) nous échappe. Alors on erre. A travers la flopée de citations convoquées sans doute pour combler le vide conceptuel du travail. Edouard Glissant, Walter Benjamin, Jimi Hendrix, Miles Davis pêle-mêle font tapisserie et servent de prétexte aux œuvres sans grâce ni sens, comme si leur unique invocation remplissait d’intelligence les propos de l’artiste. C’est d’autant plus dommage d’être témoin de cette incommunicabilité que l’artiste affirme travailler sur l’histoire des migrations des peuples. On devrait pouvoir y trouver un point d’ancrage, une vision qui nous parlerait ou tout du moins un radeau sur lequel embarquer. Mais le silence est épais et les œuvres demeurent des lieux fermés dont on ne parvient à trouver ni la porte d’entrée, ni le fondement.

L’esthétique générale rappelle celle des années 1990, charriant derrière elle son amateurisme, son obscurantisme et son décalage temporel sans l’humour ni l’autodérision qui vont avec. On se sent prisonnier du peu d’œuvres présentées. Prisonnier de l’écoute tournée sur elle-même, de l’absence d’imagination et de l’impossible résonnance de sens. Heureusement que le Crédac est un lieu atypique qui trompe l’ennui grâce au superbe panorama urbain que révèlent les baies vitrées de cette ancienne manufacture au charme architectural et historique sans égal. 

Écrit par
Elise Boutié

Infos

Site Web de l'événement
www.credac.fr/v3/fr/
Adresse
Prix
Gratuit
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