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Chefs-d'œuvre d'Afrique

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Time Out dit

Les chefs-d'œuvre d'arts africains du musée Dapper dans une exposition en forme d'hommage à son fondateur, Michel Leveau.

Pour tous ceux qui se sentent un peu perdus face aux arts africains, esseulés lorsqu’on évoque l'histoire du Continent noir et ses cultures, l'exposition ‘Chefs d’œuvre de l’Afrique’ du musée Dapper est pour eux. Dans un parcours qui s’apparente à un voyage entre l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest, il trace les grands principes esthétiques et rituels des plus belles œuvres de son fonds selon le rôle qu'elles jouent au sein des sociétés qui les ont créées ou utilisées. Car toutes, essentiellement des statues, parfois des parures et des armes, sont liées à des savoirs, à des pratiques spécifiques et sont investies d'un pouvoir efficace.

Le musée a clairement opté pour une mise en scène où les objets apparaissent tous plus époustouflants les uns que les autres, chacun dans sa vitrine bénéficiant d'un éclairage réfléchi qui le met en valeur. Il est possible de tourner autour de la plupart pour bien en saisir toute la beauté, voire la complexité. Les œuvres sont ici sanctifiées sur l'autel de l'art et de l'esthétique. C'est un premier niveau de lecture qui vaut déjà la visite mais qui ne correspond que partiellement à la démarche de Michel Leveau, polytechnicien et amateur éclairé, fondateur du musée, lequel avait à cœur de comprendre les objets, leur société d'origine, leur histoire. Un deuxième niveau de lecture est donc proposé au visiteur : les « chefs-d'œuvre » en tant que témoignages ethnographiques et historiques des sociétés dont ils émanent.

Il est donc question dans un premier temps du culte des ancêtres, des entités particulièrement puissantes et importantes qui sont associées à de nombreux rites touchant la guerre, les récoltes, les maladies ou les initiations des jeunes hommes. La diversité de leur représentation reflète celle des populations et des pratiques. Les reliquaires Kota, au visage schématisé plaqué de cuivre ou de laiton et au corps en forme de manche en losange, côtoient les masques blancs du Gabon, plus abstraits encore, aux traits délicats et aux yeux plissés, issus principalement des cultures Pum et Lumbu, et recouverts de kaolin dont la couleur pâle évoque l'au-delà. En revanche, les reliquaires Byéri des Fang, liés aux initiations des adolescents, ont un corps entier, noir et luisant, car enduit à chaque rite. D'autres sculptures se rattachent au récit de la création comme le masque-heaume bwoom de la population Kuba, en République démocratique du Congo.

Après la statuaire, les masques sont les créations les plus répandues. En Afrique de l'Ouest, chez les Bamana, au Mali, on trouve le masque ntomo présent dans les initiations, associé aux thèmes des récoltes et de la sexualité. Le masque-heaume Wanyugo des Senoufo, du sud du Mali et nord de la Côte d'Ivoire, appartient à la confrérie du Poro et permet de maîtriser les puissances naturelles. Liée au pouvoir, la statuaire est excellent moyen de frapper les esprits et inscrit celui qui gouverne dans une lignée mythique. Le roi Glélé, de l'ancien royaume de Danhomé, tient ainsi deux sabres qui évoquent immédiatement Gu, dieu de la guerre.

Ainsi réunies et servies par un discours clair et aisé à comprendre, les pièces montrent une communauté de pensée, de pratiques et de rites. Taillées par des artistes puis investies de pouvoirs, elles participent à l'équilibre du monde et à la protection de la vie. Dans leur variété formelle, elles parlent par ailleurs de la diversité des cultures qui ont vu le jour sur le continent africain.

Écrit par
Virginie Duchesne

Infos

Site Web de l'événement
www.dapper.fr
Adresse
Prix
6 €
Heures d'ouverture
De 11 h à 19 h, sauf le mardi et le jeudi, nocturnes jusqu'à 22 h, le vendredi et le samedi
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